«Les humains ne sont pas à vendre»

«Les humains ne sont pas à vendre»

L’Église luthérienne du Nigéria lance un réseau interreligieux contre la traite des personnes. Une action défendue par l’archevêque Panti Musa Filibus, président de la Fédération luthérienne mondiale.

L’Église luthérienne du Christ au Nigeria (LCCN) a inauguré un réseau national interreligieux pour atténuer l'impact de la migration irrégulière et de la traite des personnes dans le pays.

Panti Musa Filibus, archevêque du LCCN, a officiellement lancé le réseau «Symboles d'espoir» (SOH) lors d'un symposium public, le 31 juillet, à l’occasion de la Journée mondiale contre la traite humaine. Il a alors appelé le gouvernement, les acteurs non gouvernementaux ainsi que les autres agences de développement à unir leurs efforts pour créer des emplois décents qui permettraient à «nos filles et nos fils de réaliser leurs rêves».

S'adressant au symposium, l’archevêque, qui est également président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), a indiqué que le LCCN et le FLM avaient démarré le projet SOH en 2017, dans le but d’aider à combattre la migration irrégulière dans le pays et à l'étranger. L'extrême pauvreté et les conflits internes sont alors cités comme les facteurs clés qui accroissent la vulnérabilité à la traite au Nigéria. Benin City, capitale de l'État d'Edo, est par ailleurs considéré comme l'épicentre de la migration irrégulière et de la traite des êtres humains dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Sensibiliser les candidats à l’exil

Parmi les participants à l'événement figuraient des pasteurs et des diacres des congrégations du LCCN, des représentants d'autres organismes chrétiens et musulmans, des fonctionnaires de la police et des unités spécialisées contre la traite des êtres humains ainsi que des organisations de la société civile.

Le programme SOH a fourni un soutien psychosocial et économique à plus de 1400 migrants revenant principalement de Libye et des pays européens. Un groupe d'environ 270 femmes et hommes ont également été formés en tant qu'«ambassadeurs de l'espoir SOH», dans le but de sensibiliser aux risques de l'immigration à l'étranger à la recherche d'opportunités de travail. Au cours de la réunion publique, certains d'entre eux ont raconté leur expérience de la migration, soulignant les risques et les dangers auxquels ils ont été confrontés.

S’attaquer aux causes

Dans son discours, Panti Musa Filibus a réitéré l'engagement de l'Assemblée FLM de 2017, à savoir que «les êtres humains ne sont pas à vendre». Il a également stipulé que les efforts concertés visant à démanteler les réseaux de traite des êtres humains au Nigeria doivent inclure l'assistance aux victimes et s'attaquer d'urgence aux problèmes qui «poussent de nombreuses personnes à l'esclavage».

Selon l'Indice mondial de l'esclavage 2018, le Nigéria reste un pays de transit et de destination pour la traite des êtres humains. Il se classe au 32e rang sur 167, avec plus de 1,3 million de personnes classées comme vivant en esclavage.

Les jeunes femmes en première ligne

Pour l’archevêque, «il n'y a aucune raison valable pour justifier un acte de traite des êtres humains» et des initiatives telles que SOH ont montré qu'il est possible de s’attaquer à ce phénomène. Il a également rappelé que «la population la plus vulnérable et la plus à risque est celle des jeunes femmes».

Le responsable de l'Église luthérienne a notamment fait référence à la pratique courante de destiner les filles nées dans les zones rurales à être domestiques dans les maisons urbaines «sans leur donner d'autre espoir pour l'avenir». Pour l’archevêque, une telle exploitation «n'a pas sa place dans notre monde» et il en a de fait appelé à la restauration des droits fondamentaux de liberté, de dignité et de justice pour tous les êtres humains.