Zurich: nouvelle polémique sur l’impôt ecclésiastique

Zurich: nouvelle polémique sur l’impôt ecclésiastique

Le paiement de l’impôt ecclésiastique agite souvent le canton de Zurich. Dernier épisode, la prise de position anti-impôt d’un journaliste du Tages-Anzeiger, le 3 janvier 2020. Réplique immédiate des responsables des Églises catholique et réformée zurichois.

Le 3 janvier dernier, le rédacteur culturel du Tagi, Andreas Tobler, jette un pavé dans la mare. Il a opté pour une sortie d’Église et en précise les motifs. Tobler s’avoue «peu doué en matière de religion» et même «pas doué en tant que chrétien des jours de fête (Feiertagschristen)».

Depuis un mariage et un enterrement il y a plusieurs années, écrit-il, il n’a pas assisté à un seul service religieux. Il dit ne trouver aucune force ni aucun soutien dans la croyance en un Dieu.

Peut-on se passer des Églises?

Il reconnaît certes que «nos valeurs morales et une grande partie de ce que nous appelons société et culture sont influencées par le christianisme. Mais tout cela existe aujourd’hui largement indépendamment des institutions ecclésiastiques».

Néanmoins, il qualifie les Églises de «projet social» qui mérite d’être soutenu: outre les impôts ecclésiastiques, les Églises cantonales reçoivent encore des «contributions substantielles de l’État» pour la prise en charge des personnes âgées, des sans-abri et des réfugiés, note Tobler. Pour le journaliste, les contributions de l’État pour les prestations sociales fournies par les Églises sont suffisantes. Et, à ce titre, il ne souhaite être qu’un citoyen qui paie ses impôts et pas un membre de l’Église dont il déclare sortir.

«Grossière absurdité»

L’article d’Andreas Tobler a déplu aux autorités ecclésiastiques du canton. Le président de l’Église réformée de Zurich, Michel Müller, et la présidente du Conseil synodal catholique zurichois (la corporation ecclésiastique catholique), Franziska Driessen-Reding, ont réagi dans une lettre ouverte. Celle-ci a été reprise sur les sites des Églises et dans le Tages-Anzeiger du 11 janvier 2020.

Les Églises fournissent bien plus de services d’importance sociale globale qu’elles ne reçoivent de contributions de l’État
Thomas Widmer, politologue

Les représentants des Églises se concentrent en particulier sur les aspects financiers. Affirmer que les contributions de l’État aux Églises compensent suffisamment les coûts de leur engagement social est une «grossière absurdité», écrivent Michel Müller et Franziska Driessen-Reding. Ils renvoient à une étude du politologue zurichois Thomas Widmer, qui confirme que «les Églises fournissent bien plus de services d’importance sociale globale qu’elles ne reçoivent de contributions de l’État».

Selon les responsables des corporations ecclésiastiques, les contributions étatiques «ne suffisent pas à assurer les services des Églises dans les domaines social, éducatif et culturel». Le canton de Zurich verse 50 millions de francs par an pour ces tâches. Par contre, les recettes fiscales des Églises, versées au titre de l’impôt ecclésiastique par les fidèles et par les entreprises, s’élevaient à 440 millions de francs en 2018.

Travail bénévole

Cette étude universitaire montre ainsi que dans les Églises réformée et catholique du canton de Zurich, près de 1,9 million d’heures de bénévolat sont effectuées chaque année, ce qui correspond à environ 870 postes à plein temps. «Ce sont les membres, et pas seulement l’État», qui rendent possible le travail des Églises en faveur de la société, notent les responsables des corporations ecclésiastiques.

L’étude de Thomas Widmer ne mentionne pas le fait que l’Église catholique à Zurich, par exemple, dépense environ 10 millions de francs suisses pour ses 22 missions linguistiques. Elle s’engage ainsi pour l’intégration des nombreuses communautés de migrants de langue étrangère.  «C’est aussi une contribution importante à la paix sociale.»

Le président réformé et la présidente catholique attirent l’attention sur le travail bénévole fourni au sein des Églises. Par exemple pour la préservation des bâtiments historiques, l’intégration des migrants ou dans le dialogue interreligieux et le travail pour la jeunesse. «Tout cela ne serait pas possible sans la contribution des membres de l’Église, c’est-à-dire l’impôt ecclésiastique», précisent-ils.