Difficultés financières pour le Conseil central islamique suisse

Difficultés financières pour le Conseil central islamique suisse

«Oui, nous sommes dans une situation financière difficile et nous avons besoin de votre participation financière», écrit le Conseil central islamique suisse (CCIS) sur Twitter le 7 janvier 2020.

L’argent n’arrivant plus si facilement des pays du Golfe, l’organisation salafiste de Nicolas Blancho basée à Berne, qui représente l’une des composantes radicales de l’islam en Suisse, demande de l’aide sur Internet.

«Avec un paiement fixe et mensuel entre 20 et 500 francs, vous pouvez co-financer la mission de la da’wa (le prosélytisme islamique, ndlr), les services, l’assistance juridique, ainsi que tout le travail administratif du conseil central», peut-on lire sur le site du Conseil central islamique, sous son sigle allemand IZRS.

Soutien anonyme et «sans complications»

L’organisation salafiste indique que l’on peut la soutenir «simplement, anonymement et sans complications» par SMS, Paypal ou en tant qu’actionnaire, en concluant: «Qu’Allah vous protège!»

Elle indique par ailleurs par la voix de son porte-parole Abdel Azziz Qaasim Illi avoir organisé une conférence des donateurs en décembre à Zurich avec des promesses de dons à hauteur de 150 000 francs suisses.

Selon le journaliste du Tages Anzeiger Kurt Pelda, les flux d’argent du Qatar et du Koweït qui arrivaient au siège du CCIS à Berne-Bümpliz se seraient taris. La raison de l’arrêt des financements en provenance de l’étranger serait la suspicion de liens des sympathisants de ce mouvement salafiste avec le réseau terroriste Al-Qaida.

Le Qatar faisant face à de graves accusations concernant le financement du fondamentalisme islamique, voire de milices djihadistes ou terroristes, il est probable qu’il ne voulait plus être mêlé aux activités du CCIS et aurait pris ses distances.

Engagement de personnel

En attendant, l’organisation salafiste cherche une personne «hautement motivée» et s’engageant pour la cause islamique pour occuper un poste à 50% dans son administration. Le Bâlois Kurt Pelda rappelle que faute de moyens, depuis plus de deux ans, le CCIS n’a plus réussi à organiser de grandes manifestations à fort impact médiatique, ni en Suisse ni à l’étranger.

Abdel Azziz Qaasim Illi écrit sur le site internet du CCIS un long article à propos de Kurt Pelda, «l’ancien journaliste de la Weltwoche et reporter de guerre», qui travaille pour le Tages Anzeiger (TA) depuis février 2017. «Depuis lors, son champ d’action journalistique s’est considérablement réduit.»

Journaliste accusé d’«activisme agressif»

Loin de la situation en Syrie, loin de réaliser des reportages sur les critiques du régime, le journaliste du Tages Anzeiger est accusé de s’adonner «à un activisme agressif, pour ne pas dire obsessionnel, contre les communautés islamiques en Suisse».

En dix mois seulement, note-t-il, Kurt Pelda a écrit, «la plupart du temps, seul ou avec son collègue Thomas Knellwolf, environ 54 articles, dont 51 traitent de l’islam en Suisse, toujours en référence aux islamistes, à Erdogan ou au terrorisme». Et de déplorer que pas un seul article ne présente l’islam ou les musulmans en Suisse ou à l’étranger sous un jour positif.

Vedict du Tribunal fédéral attendu

Rappelons que le Ministère public de la Confédération (MPC)avait déposé en septembre 2017 un acte d’accusation auprès du Tribunal pénal fédéral (TPF) contre trois membres du CCIS. Le MPC reprochait alors aux accusés d’avoir violé la loi fédérale interdisant les groupes «al-Qaïda» et «État islamique» (ou Daech) et les organisations apparentées.

En été 2018, Naim Cherni, le responsable de la «production culturelle» du CCIS – qui a mené une interview exclusive en Syrie avec le religieux salafiste saoudien Abdullah al-Muhaysini, chef spirituel du groupe terroriste Jaish al-Fatah (L’Armée de la Conquête) –  a été condamné à une peine de vingt mois de prison avec sursis, relève Kurt Pelda. Blancho et Illi ont été acquittés en raison de vices de forme. «Toutes ces décisions ont depuis lors été portées devant le Tribunal fédéral. Le verdict est attendu cette année». (cath.ch/be)