La Bible à la lumière du féminisme

La Bible à la lumière du féminisme

Déconstruire les interprétations patriarcales et partielles des textes bibliques au sujet des femmes. Tel est l’objectif de l’ouvrage «Une bible des femmes», dont le vernissage s’est déroulé mercredi 10 octobre à l’Université de Genève.

«Lire la Bible à la lumière du féminisme devient un lieu de libération, alors qu’elle est loin d’être féministe», lâche la théologienne Pierrette Daviau, professeure titulaire retraitée à la Faculté des sciences humaines de l’Université Saint-Paul à Ottawa et coauteur du collectif Une bible des femmes. Le vernissage de cet ouvrage a fait salle comble, mercredi 10 octobre, à l’Université de Genève. Réalisé par une vingtaine de théologiennes et historiennes, catholiques et protestantes de 30 à 70 ans et venant de trois continents différents, ce livre analyse avec un regard critique et féministe une dizaine de thématiques liées aux femmes dans la Bible.

«Nos chapitres scrutent des errances de la tradition chrétienne, des occultations, des traductions tendancieuses, des interprétations partiales, des relents du patriarcat qui ont pu mener à nombre de restrictions, voire d’interdits pour les femmes», peut-on lire dans la préface du livre. Ainsi, chaque thématique est illustrée par un extrait biblique suivi d’une exégèse et d’une réflexion approfondie. Le lecteur découvre, au fil du texte, les visages féminins de Dieu, des femmes médiatrices entre divin et humain, mais aussi les questions d’exclusion, de subordination, de stérilité et de maternité.

Lutter contre les préjugés et les interprétations littérales

«Nous sommes partis des préjugés et des stéréotypes que la société pose sur la Bible. Actuellement, la culture biblique se perd, mais il reste les préjugés véhiculés entre autres par des versets sortis de leur contexte et interprétés littéralement, comme ‘femmes soyez soumises à vos maris’», explique Lauriane Savoy, doctorante en théologie à l’Université de Genève et codirectrice de l’ouvrage. Grâce à l’exégèse historico-critique de toute une série de passages bibliques, «'Une bible des femmes' déconstruit les interprétations littérales qui existent dans certains courants du christianisme.»

Clin d’œil à la «Woman’s Bible», parue en 1898, œuvre fondatrice de la lecture féministe de la Bible, Une bible des femmes se veut «une invitation à l’insoumission. Une réflexion sur les normes pour permettre un processus de libération», ajoute encore Lauriane Savoy. Parallèlement à la publication de cet ouvrage, un cours public intitulé «Ni saintes, ni soumises. Femmes de la Bible» poursuit la réflexion autour de ces thématiques, d’octobre à décembre, à l’Université de Genève.

Le cours public

Le cours public «Ni saintes, ni soumises. Femmes de la Bible», se déroulera à partir du mercredi 17 octobre, de 18h15 à 19h30, à l’Uni Philosophes (salle Phil 201), à Genève. Retrouvez le programme

Une bible des femmes

Une bible des femmes, publié en août 2018 aux éditions Labor et Fides, sous la direction d’Élisabeth Parmentier, Pierrette Daviau et Lauriane Savoy.