Hilton boycotté après la destruction d’une mosquée ouïghoure

Hilton boycotté après la destruction d’une mosquée ouïghoure

Une coalition de 40 groupes musulmans appellent au boycott mondial de la chaîne hôtelière après qu’une mosquée ouïghoure a été récemment rasée, dans la région chinoise du Xinjiang, pour permettre la construction d’un nouveau palace.

«Ils ont décidé de faire passer le profit avant les valeurs, ils ont décidé de faire passer leurs résultats financiers avant les droits de l'homme.» Formulée par Nihad Awad, directeur exécutif du Conseil des relations américano-islamiques, la critique vise le groupe hôtelier Hilton, en raison dans son implication dans un projet immobilier, dans la région chinoise du Xinjiang, qui a nécessité la destruction d’une mosquée ouïghoure.

Avec une quarantaine d’autres groupes musulmans, ils ont appelé, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 16 septembre à Washington, au boycott mondial de la chaîne hôtelière. Ils reprochent notamment aux entrepreneurs d’avoir ignoré le délai d’une semaine, qui leur avait été donné, pour se retirer du projet et ainsi éviter la destruction de l’édifice.

Si la société Hilton poursuit la construction d'un hôtel Hampton sur le site d'une mosquée démolie, elle aidera le gouvernement chinois dans sa campagne d'effacement culturel contre les Ouïghours. Contribuer à l'éradication des Ouïghours, c'est contribuer à leur génocide», alertait alors le Conseil des relations américano-islamiques.

Droits de l’homme ou investissement?

Les États-Unis et un certain nombre d'autres gouvernements dans le monde ont qualifié de génocide le traitement réservé par la Chine aux Ouïghours, un groupe ethnique majoritairement musulman dont les terres sont situées dans le Xinjiang.  

En juillet, la commission bipartite Congressional-Executive Commission on China des États-Unis a publié une lettre ouverte appelant Hilton à mettre fin à ce projet.

«En tant que signataire du Pacte mondial des Nations Unies, Hilton s'est engagé à soutenir les normes internationales en matière de droits de l'homme», indique leur déclaration. «Compte tenu de ces engagements, nous demandons que Hilton prenne des mesures pour arrêter la construction et se dissocier, ainsi que sa marque, du projet d'hôtel et rejette toute complicité dans la persécution des Ouïghours.»

La mosquée Duling, dans la préfecture de Hotan, a été détruite au bulldozer pendant l’été sur ordre du Parti communiste, et le terrain a été vendu à un promoteur chinois qui prévoit d'y construire un complexe à usage mixte, comprenant un hôtel Hampton by Hilton, propriété de Hilton Worldwide Holdings Inc. Selon différents médias, un panneau situé sur le chantier de construction du nouvel hôtel invite les passants à «célébrer chaleureusement le 100e anniversaire du Parti communiste».

Un examen du site web du groupe hôtelier a révélé qu'il existe déjà plusieurs établissements Hilton dans la province du Xinjiang. Un hôtel Hampton by Hilton à l'aéroport international d'Urumqi, à 1100 miles du site de la mosquée démolie, et un Hilton dans le centre d'Urumqi également. Contacté par l’agence de presse américaine Religion News Service, le groupe hôtelier n’a pas souhaité communiquer sur le sujet.

Camps de rééducation

D'après l'analyse d'images satellites, quelque 65% des mosquées de la province – soit environ 16’000 – ont été gravement endommagées ou détruites par les autorités chinoises depuis 2017, selon l'Australian Strategic Policy Institute.

L’Institut faisait état de l'emprisonnement par la Chine d'un million de personnes dans des camps de concentration. D’après les témoignages, les Ouïghours placés dans ces camps ont dû faire face à la torture, au viol et à la stérilisation forcée. Bien qu'elle ait initialement nié leur existence, la Chine affirme aujourd'hui que ces camps sont nécessaires pour prévenir l'extrémisme. Ils constituent le plus grand confinement d'un groupe ethnique dans des camps de concentration depuis la Seconde Guerre mondiale.

Outre la déclaration du département d'État, les parlements du Royaume-Uni, du Canada, de la République tchèque, des Pays-Bas, de la Belgique et de la Lituanie ont procédé à des désignations similaires. La Chine a fermement démenti ces accusations et affirmé que les camps existent uniquement à des fins de rééducation.