Une Église allemande milite pour limiter la vitesse sur les autoroutes

Une Église allemande milite pour limiter la vitesse sur les autoroutes

Pour lutter contre le réchauffement climatique, l’Église protestante d’Allemagne centrale lance une pétition en ligne demandant la limitation de la vitesse sur les autoroutes à 130 km/h.

Le 6 mars, l'Église protestante d'Allemagne centrale (EKM) a lancé une pétition en ligne demandant une limitation générale de la vitesse de 130 km/h sur les autoroutes. «Si au moins 50’000 signatures sont recueillies d'ici au 3 avril, la commission des pétitions du Bundestag, le parlement, devra traiter la question lors d'une audition», a déclaré Christian Fuhrmann, du Conseil de l'EKM. C'est la première fois qu'une Église régionale lance une pétition en ligne. Le porte-parole de l'EKM, Ralf-Uwe Beck, a calculé que pour aboutir, elle devra être signée par 1800 personnes chaque jour avant le 3 avril. Pour ce faire, l'Église s'est appuyée sur la solidarité de la société civile. «La plupart des Églises régionales ainsi que sept diocèses catholiques souhaitent soutenir cette initiative», a-t-il ajouté.

«Bien sûr, l'objectif le plus urgent de la ‘Pétition 89 913 reste que le Bundestag s'occupe de la limitation de vitesse», a précisé Christian Fuhrmann. Pour rappel, en janvier, le gouvernement allemand a refusé de limiter la vitesse sur les autoroutes, malgré les conclusions d’une commission gouvernementale chargée de trouver un moyen de réduire les gaz à effet de serre.

S’engager pour la Création

L'Église veut aussi initier un large débat public sur ce sujet. «Nous savons que les Allemands, ainsi que de nombreux chrétiens, sont divisés sur cette question», a-t-il admis. Pour cette raison, le projet est présenté en détail sur le site web de l’EKM, notamment sous la forme de réponses à des questions telles que L'Église n'a-t-elle pas des sujets plus importants à traiter? ou L'Église ne devrait-elle plus s'inquiéter de sujets tels que la charité? Les Églises se sont engagées depuis des décennies en faveur de la paix, de la justice et de l'intégrité de la Création. Le Conseil supérieur de l’EKM a expliqué que le plaidoyer en faveur d'une limitation générale de vitesse est cohérent à cet égard.

La question centrale qui sous-tend la pétition, à savoir comment vivre aujourd'hui pour que nos enfants et nos petits-enfants profitent encore de bonnes conditions de vie, concerne chacun d'entre nous. «Nous ne pouvons pas seulement laisser cela à la politique et aux partis», a souligné le théologien. «Nous n'avons pas planté le jardin dans lequel nous vivons nous-mêmes, nous devons le préserver. Cela implique de repenser son propre style de vie», a-t-il exhorté. Mais cela signifie aussi exiger une politique plus cohérente en matière de protection de l'environnement et du climat. Cela veut dire que les chrétiens doivent penser à ceux qui sont affectés par les conséquences du réchauffement climatique. «C'est une question de charité», souligne Christian Fuhrmann, qui a cité l'Église partenaire de l'EKM en Tanzanie comme exemple. Les effets du changement climatique s'y font sentir depuis un certain temps «et ont des conséquences fatales pour l'existence des gens», explique le responsable du département communautaire de l’EKM.

Un impact global

Selon lui, la limitation de vitesse sur les autoroutes a également d'autres effets souhaitables en plus de l'influence positive espérée sur le développement climatique. À titre d'exemple, il a cité la réduction de l'abrasion des pneus, qui pollue les champs et les eaux et finalement les mers, ainsi qu'une meilleure sécurité routière avec moins de morts sur les routes. Une vitesse maximale plus faible permettrait également de réduire les coûts de construction des routes, a-t-il dit, avec la perspective d'une baisse des coûts pour les deniers publics.

La décélération d'un quotidien de plus en plus mouvementé promet également aux Allemands une amélioration de leur qualité de vie. Le stress sur les autoroutes est alarmant, surtout pour les personnes âgées. «Ces aspects font également partie du débat», a déclaré Christian Fuhrmann. La période du carême, qui a débuté le 6 mars, offre l'occasion de repenser son propre style de vie. «Il ne s'agit pas d'interdire, mais de faire face consciemment à notre monde unique», a-t-il souligné. - EPD/Protestinter