Religions: et si l’on disait moins d’âneries?

Pour parler de religion avec un tant soit peu de sérieux, il faudrait avoir un minimum de connaissance des diverses spiritualités. Un objectif difficile à atteindre à une époque où l’on ne connaît généralement même pas les croyances qui ont forgé sa propre culture. La religion serait-elle condamnée à faire partie de ces sujets dont le traitement par et pour le grand public relève du poncif de café du commerce?

Plutôt que de considérer que le combat est perdu d’avance, un vidéoblogueur relayé sur les réseaux sociaux par nos confrères de l’agence américaine Religion News Service (RNS) diffuse une vidéo rappelant que l’alphabétisation religieuse n’est pas qu’une question de connaissances, mais aussi de méthode. Reprenant les éléments d’un MOOC (cours en ligne) de l’Université Harvard, il propose trois affirmations fondamentales que tout le monde devrait savoir sur les religions.

La diversité interne

Il y a de la diversité au sein même des religions. Au-delà des grandes divisions qui existent par exemple entre protestants, orthodoxes et catholiques dans le christianisme; ou entre chiites et sunnite dans l’islam, il faut se souvenir que la foi se pratique différemment d’une culture à l’autre. Sur un même banc d’église, se mélangent des gens qui ne croient pas ou plus en Dieu, mais qui accordent de l’importance à ce rituel et des gens qui vivent des expériences spirituelles fortes, persuadés de connaître une relation intime avec Dieu.

Évitons donc de caricaturer ce que pensent ou disent des fidèles sur la base de leur seule appartenance, même active, à une communauté.

L’évolution de la théologie

Les religions changent au fil du temps et sont le produit de leur évolution historique. Les positions officielles d’une Église aujourd’hui ne sont pas celles de la même communauté il y a 20, 50 ou 100 ans. Le MOOC cite l’exemple de l’esclavage qui a d’abord été justifié puis condamné par les religions monothéistes. Plus proche de nous, on pourrait mentionner les changements rapides sur les questions liées à la place des femmes dans l’Église ou le virage en cours concernant l’homosexualité.

Laissons donc le droit aux communautés religieuses de changer d’avis. Il ne s’agit pas de nier d’éventuelles erreurs passées, mais simplement de reconnaître que toute communauté évolue et que les critiques perdent parfois de leur pertinence.

Les religions font partie de la culture

La religion ne se limite pas à la sphère privée, mais elle influence la société. Même si l’appartenance religieuse est un choix personnel, il est impossible de séparer la religion de son contexte social. «L’appartenance raciale, ethnique, à une classe socio-économique ou à une orientation sexuelle sont toujours des facteurs qui influencent la compréhension et la perception qu’un individu a de la société dans laquelle il vit. Il en va de même pour la religion», rappelle le blog «Religion for breakfast». De l’architecture urbaine à l’alimentation, tout est influencé par la religion et, bien souvent, pas seulement la nôtre, mais aussi celle de ceux qui nous entourent.

Reconnaître cette influence plutôt que de la nier en la reléguant dans la sphère privée permet tout simplement de mieux appréhender ces liens entre culture et foi. Croyant ou non, la religion a une influence sur la vie de chacun, le reconnaître et le premier pas vers la compréhension objective de ce phénomène.

Voilà trois filtres qui nous semblent salutaires et qui devraient éviter de continuer à dire des poncifs tels que «l’islam n’est pas compatible avec notre société»; «les Églises sont vides» ou «les chrétiens sont conservateurs»!

Publié une première fois comme opinion en juillet 2017