Décès du philosophe protestant Paul Ricoeur:"Faire la part belle à la vie "
Le philosophe protestant Paul Ricoeur s’est éteint le 20 mai dans les Hauts-de-Seine près de Paris à l’âge de 92 ans
Il laisse une œuvre «réflexive» mondialement reconnue. «L’homme de tous les dialogues» était très engagé dans le mouvement du christianisme social. «J’ai l’impression d’avoir perdu un proche», réagit Christophe Pisteur, assistant au département d’éthique de la Faculté de théologie à l’Université de Genève dont la thèse de doctorat porte sur Paul Ricoeur. Un sentiment que partage son professeur d’éthique François Dermange. «Le travail de Paul Ricoeur s’est souvent situé à la frontière entre la philosophie et la théologie», explique François Dermange. Chez Ricoeur, la religion poursuit la philosophie. Dans les années 60, le philosophe français se concentre sur la notion du mal. Fruit de ses recherches, le paradoxe du «serf-arbitre», met en évidence «une liberté déjà liée». Le philospohe s’attaque aussi aux questions qui découlent de l’interprétation biblique: «Comment je comprends le texte et comment le texte me lit moi-même». Puis Paul Ricoeur choisit de travailler sur l’éthique. Les notions de «bien», de «vie bonne» et de «justice» retiennent son attention. Plus récemment, le philosophe a fait la part belle à la «vie». Une notion qu’il jugeait plus fondamentale que la mort. «Paul Ricoeur pense la religion comme une méditation sur la vie», résume François Dermange. «En premier l’émerveillement!» Le pardon et la capacité de dire à un autre être qu’il vaut mieux que ses actes sont aussi des valeurs centrales dans sa pensée. «Toute l’ambition du philosophe, et la difficulté de celle-ci, tenait à ce qu’il tentait de définir une politique de la mémoire capable de garder le souvenir des crimes et de laisser place au pardon », écrit Jean-Marie Colombani, directeur du journal «Le Monde».
Dans son hommage à Paul Ricoeur, la Fédération protestante de France évoque l’homme dont « l’œuvre a contribué à ce qu’une pensée rigoureuse indispensable s’exprime toujours en une parole dialoguante, consciente de ses limites et pourtant créatrice d’avenir, ouvrant le possible à l’homme ».
Dans son hommage à Paul Ricoeur, la Fédération protestante de France évoque l’homme dont « l’œuvre a contribué à ce qu’une pensée rigoureuse indispensable s’exprime toujours en une parole dialoguante, consciente de ses limites et pourtant créatrice d’avenir, ouvrant le possible à l’homme ».