L’Eglise réformée vaudoise s’entrouvre à l’évangélisation façon Alphalive
En septembre prochain, près de 150 cours Alpha débuteront un peu partout en Suisse romande
Si les communautés évangéliques restent largement majoritaires parmi les inscrits, le concept séduit de plus en plus de paroisses réformées, notamment dans le canton de Vaud où parler d’évangélisation ne fait plus peur. Cette méthode d’évangélisation par le témoignage et la convivialité a fait le tour du monde. Portés par les milieux évangéliques en Suisse romande, les cours Alpha séduisent de plus en plus d’Eglises chez nous aussi : En 2004, 22 des 60 communautés chrétiennes du grand Lausanne avaient répondu à l’appel : « Par ailleurs, nous avons eu connaissance de l’organisation de 76 cours en Suisse romande », souligne Sébastien Cottier au secrétariat d’Alphalive (lire encadré). Grâce à une action lancée cette fois-ci dans l’ensemble de la Romandie, ce sont cette année 147 séries de rencontres qui débuteront dès septembre prochain.
Parmi les inscrits, on trouvera toujours une majorité d’évangéliques. Logique. Pourtant, du côté réformé, l’indifférence, voire l’hostilité des débuts, laisse peu à peu la place à davantage d’ouverture. Ainsi, dans le dernier numéro du bulletin interne de l’Eglise réformée vaudoise (EERV), le Conseiller synodal Etienne Roulet a livré une mise au point sur la position des protestants face au phénomène Alpha. « De plus en plus de paroisses nous demandent si cela fait partie des offres de formation reconnues par l’Eglise, explique-t-il. Elles sont libres d’y adhérer ou pas, mais nous avons ressenti la nécessité de dire comment ces cours peuvent s’intégrer dans notre théologie ». Une communauté mise en routeUn groupe de travail a commencé à se réunir pour plancher sur le sujet, et de manière plus large sur la question de l’évangélisation. Tabou depuis plus d’une décennie - la dernière action étiquetée comme telle dans le canton date de 1991 – le terme préoccupe à nouveau la communauté réformée vaudoise. Constatant la lente érosion du « peuple protestant » ici comme ailleurs, le Conseil synodal et le Synode ont inscrit l’évangélisation en tête des priorités. « Porter la Bonne Nouvelle appartient à l’identité même de l’Eglise, rappelle le pasteur Martin Hoegger. Cette réalité avait été un peu oubliée. Désormais, nos principes constitutifs réaffirment clairement l’être missionnaire de l’Eglise ». En charge du dialogue oecuménique au sein de l’EERV, Martin Hoegger pilotera le comité chargé de proposer des pistes de réflexion sur l'vangélisation.
Lui-même avoue sans peine sa réticence première par rapport à la formule Alpha. « Notamment, et c’est un discours convenu chez les réformés, parce que je ne me retrouvais pas dans une approche et une thématique très évangéliques ». Il décide d’en avoir le coeur net et s’inscrit à un cours au Mont-sur-Lausanne. « Je me suis rendu compte que la démarche ne se limitait pas aux manuels ». Martin Hoegger s’enthousiasme par exemple de voir près de 70 paroissiens s’investir dans la préparation des soirées. « Beaucoup de gens ont été mis en route, il y a eu une véritable dynamisation de la vie paroissiale et un rayonnement de la communauté ». Autre aspect très positif, le moment de partage par petits groupes, « espace d’expression impressionnant où l’on vient avec ses questions, quelles qu’elles soient ». Enfin, pour le ministre, les cours Alpha stimulent l’oecuménisme : « Sur la Riviera vaudoise,, catholiques, réformés et évangéliques proposent une action commune ». Visiblement, en terre vaudoise, d’autres pasteurs ont évolué dans le même sens. « Sans doute que les pasteurs à tendance évangélique qui s’investissent dans la promotion d’Alpha depuis plusieurs années y sont pour quelque chose », relève Sébastien Cottier. Le coeur plutôt que la scienceDans les autres cantons romands, la percée paraît plus timide. Il faut dire que la présence évangélique y est comparativement moins importante que dans le canton de Vaud, qui est aussi le lieu d’implantation de la petite équipe d’Alphalive. Par ailleurs, seule l’EERV semble animée d’une volonté de renforcer l’évangélisation. A Neuchâtel, on dénombre 4 paroisses réforméesinscrites sur 21. Du côté de l'Eglise réformée de Berne-Jura-Soleure, 4 sur 12 ; à Fribourg, 1 paroisse sur 5. Mais c’est à Genève que la sauce a le moins bien pris : seule la paroisse de Bernex-Confignon figure parmi une liste de 17 communautés. « Il s’agit en fait d’une volonté commune aux 4 paroisses de la région Champagne », précise Marcel Christinat, à l’origine du projet.
Ne se sentant pas proche des évangéliques, ce pasteur connaît le concept Alpha à travers les contacts qu’il entretient avec les différentes confessions chrétiennes. « Il constitue un bon stimulant pour de très nombreuses communautés à travers le monde, et je regrettais que cela intéresse aussi peu les réformés genevois ». Il explique ce désintérêt par une Eglise « tellement préoccupée par son propre avenir qu’elle peine à s’investir dans la nouveauté ». Et sans doute aussi par la méfiance historique de Genève à tout ce qui pourrait s’apparenter à du prosélytisme. Le dédain affiché par certains collègues à propos d’un contenu théologique considéré comme peu fouillée l’énerve : « Il ne sert à rien de rouler en voiture de luxe à côté de gens qui marchent à pied. La science universitaire permet à ceux qui connaissent déjà la foi chrétienne d’approfondir leurs connaissances. Mais ce n’est pas comme ça que l’on se rapproche des distanciés et de tous les autres. C’est lorsque les gens redécouvrent des gestes aussi évidents que le partage d’un repas, un dialogue, la lecture commune de la Bible, qu’il peut se passer quelque chose ».
Parmi les inscrits, on trouvera toujours une majorité d’évangéliques. Logique. Pourtant, du côté réformé, l’indifférence, voire l’hostilité des débuts, laisse peu à peu la place à davantage d’ouverture. Ainsi, dans le dernier numéro du bulletin interne de l’Eglise réformée vaudoise (EERV), le Conseiller synodal Etienne Roulet a livré une mise au point sur la position des protestants face au phénomène Alpha. « De plus en plus de paroisses nous demandent si cela fait partie des offres de formation reconnues par l’Eglise, explique-t-il. Elles sont libres d’y adhérer ou pas, mais nous avons ressenti la nécessité de dire comment ces cours peuvent s’intégrer dans notre théologie ». Une communauté mise en routeUn groupe de travail a commencé à se réunir pour plancher sur le sujet, et de manière plus large sur la question de l’évangélisation. Tabou depuis plus d’une décennie - la dernière action étiquetée comme telle dans le canton date de 1991 – le terme préoccupe à nouveau la communauté réformée vaudoise. Constatant la lente érosion du « peuple protestant » ici comme ailleurs, le Conseil synodal et le Synode ont inscrit l’évangélisation en tête des priorités. « Porter la Bonne Nouvelle appartient à l’identité même de l’Eglise, rappelle le pasteur Martin Hoegger. Cette réalité avait été un peu oubliée. Désormais, nos principes constitutifs réaffirment clairement l’être missionnaire de l’Eglise ». En charge du dialogue oecuménique au sein de l’EERV, Martin Hoegger pilotera le comité chargé de proposer des pistes de réflexion sur l'vangélisation.
Lui-même avoue sans peine sa réticence première par rapport à la formule Alpha. « Notamment, et c’est un discours convenu chez les réformés, parce que je ne me retrouvais pas dans une approche et une thématique très évangéliques ». Il décide d’en avoir le coeur net et s’inscrit à un cours au Mont-sur-Lausanne. « Je me suis rendu compte que la démarche ne se limitait pas aux manuels ». Martin Hoegger s’enthousiasme par exemple de voir près de 70 paroissiens s’investir dans la préparation des soirées. « Beaucoup de gens ont été mis en route, il y a eu une véritable dynamisation de la vie paroissiale et un rayonnement de la communauté ». Autre aspect très positif, le moment de partage par petits groupes, « espace d’expression impressionnant où l’on vient avec ses questions, quelles qu’elles soient ». Enfin, pour le ministre, les cours Alpha stimulent l’oecuménisme : « Sur la Riviera vaudoise,, catholiques, réformés et évangéliques proposent une action commune ». Visiblement, en terre vaudoise, d’autres pasteurs ont évolué dans le même sens. « Sans doute que les pasteurs à tendance évangélique qui s’investissent dans la promotion d’Alpha depuis plusieurs années y sont pour quelque chose », relève Sébastien Cottier. Le coeur plutôt que la scienceDans les autres cantons romands, la percée paraît plus timide. Il faut dire que la présence évangélique y est comparativement moins importante que dans le canton de Vaud, qui est aussi le lieu d’implantation de la petite équipe d’Alphalive. Par ailleurs, seule l’EERV semble animée d’une volonté de renforcer l’évangélisation. A Neuchâtel, on dénombre 4 paroisses réforméesinscrites sur 21. Du côté de l'Eglise réformée de Berne-Jura-Soleure, 4 sur 12 ; à Fribourg, 1 paroisse sur 5. Mais c’est à Genève que la sauce a le moins bien pris : seule la paroisse de Bernex-Confignon figure parmi une liste de 17 communautés. « Il s’agit en fait d’une volonté commune aux 4 paroisses de la région Champagne », précise Marcel Christinat, à l’origine du projet.
Ne se sentant pas proche des évangéliques, ce pasteur connaît le concept Alpha à travers les contacts qu’il entretient avec les différentes confessions chrétiennes. « Il constitue un bon stimulant pour de très nombreuses communautés à travers le monde, et je regrettais que cela intéresse aussi peu les réformés genevois ». Il explique ce désintérêt par une Eglise « tellement préoccupée par son propre avenir qu’elle peine à s’investir dans la nouveauté ». Et sans doute aussi par la méfiance historique de Genève à tout ce qui pourrait s’apparenter à du prosélytisme. Le dédain affiché par certains collègues à propos d’un contenu théologique considéré comme peu fouillée l’énerve : « Il ne sert à rien de rouler en voiture de luxe à côté de gens qui marchent à pied. La science universitaire permet à ceux qui connaissent déjà la foi chrétienne d’approfondir leurs connaissances. Mais ce n’est pas comme ça que l’on se rapproche des distanciés et de tous les autres. C’est lorsque les gens redécouvrent des gestes aussi évidents que le partage d’un repas, un dialogue, la lecture commune de la Bible, qu’il peut se passer quelque chose ».