Exploitation sexuelle et tourisme pédophile sur les plages africaines:Des cohortes de lycéennes se prostituent pour aider leur famille

Exploitation sexuelle et tourisme pédophile sur les plages africaines:Des cohortes de lycéennes se prostituent pour aider leur famille

En Afrique de l’Ouest, le tourisme sexuel et pédophile explose
À six heures de vol de Genève, les pays du golfe de Guinée allient les plages blondes à l’exotisme, dont font partie des cohortes de jeunes filles. Le tout à des prix imbattables. Le sous-développement, la pauvreté, le manque de perspectives d’avenir et d’éducation font le lit de l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants. Et les cadres moyens ou supérieurs qui viennent assouvir leurs pulsions peuvent ainsi, en plus, se payer le luxe d’une bonne conscience en « aidant ces gens à s’en sortir ». Mais si l’écart de richesse favorise le tourisme sexuel, celui-ci ne se greffe que là où l’exploitation existe déjà. Comme le commerce des esclaves entre l’Afrique et l’Europe, puis à travers l’Atlantique, se fondait sur une traite intra-africaine, le trafic moderne des femmes et des enfants s’enracine dans l’exploitation sexuelle locale. Si le nombre des enfants victimes de l’exploitation sexuelle reste difficile à connaître du fait du tabou qui l’entoure, on sait par contre que près des deux tiers des familles des victimes vivent avec moins de 50'000 francs CFA par mois (125 francs suisses), confirmant l’enracinement du phénomène dans la pauvreté.

Au Cameroun, les filles envoyées « chercher l’argent » à la plage ou dans les villes sont les petites sœurs des prostituées africaines de Suisse, unies par la même pression économique des familles. Pour celles qui n’ont pas encore fait le grand saut vers le Nord, il reste l’Internet où elles rêvent de trouver un mari blanc – souvent un proxénète déguisé –, les plages et les bars. Dans la station balnéaire de Kribi, les couples que tout sépare (âge, couleur, fortune, pouvoir) s’affichent dans les bistrots, sur les plages et aux petits-déjeuners buffets des hôtels. Un directeur de collège proche des plages affirme que 80% de ses étudiantes se prostituent pour payer leur loyer et soutenir leur famille. Du lycée, il suffit de traverser la route pour se retrouver sur la plage qu’écument sans relâche des hommes blancs, mûrs et solitaires, abordant les jeunes femmes en plein jour, quand ce ne sont pas des fillettes ou des garçons qui pourraient être leurs petits-enfants.

Devant le laisser-faire et la corruption des pouvoirs publics, la société civile se mobilise. Par exemple, le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE), ONG chrétienne soutenue par DM – échange et mission, organise depuis 2004 une campagne nationale de sensibilisation. Il intervient dans les communautés de foi – chrétiennes et musulmanes – et dans les écoles, projette des vidéos sur la prostitution au Cameroun et en Europe et organise des débats. Il distribue aussi la bande dessinée « Jacky et Fanny, la jeunesse trahie », qui retrace le parcours semé d’abus sexuels de deux jeunes filles, du lycée de Yaoundé aux bordels de Paris. Une pétition nationale contre l’exploitation sexuelle des enfants circule également en vue des « marches blanches » prévues à l’automne dans tout le pays.

Contrairement à l’idée reçue chez nous et à l’envers du sentiment dominant chez leurs compatriotes, il reste encore des Africains qui refusent la fatalité et s’engagent pour donner une vraie chance à la jeunesse du continent. Seul l’avenir dira s’ils sont fous ou visionnaires.