Frédéric Lenoir: «Le bonheur dépend du regard qu’on porte sur la vie»

Frédéric Lenoir: «Le bonheur dépend du regard qu’on porte sur la vie»

«Plus libre, plus conscient, plus heureux»
Invité par le collège Champittet, le philosophe français Frédéric Lenoir a repensé la vie devant un public captivé, mercredi 7 mars à Pully.

Photo: Frédéric Lenoir

«Tout être humain aspire au bonheur, mais on ne sait pas vraiment ce que c’est». Devant quelque 500 personnes réunies dans la salle de gym du collège Champittet, une école privée à Pully (VD), le philosophe star Frédéric Lenoir a offert des clés concrètes pour se sentir plus heureux. S’inspirant des grands courants de pensée de l’humanité, des philosophes grecques au christianisme, en passant par le bouddhisme, Nietsche et Spinoza, Frédéric Lenoir repense la vie, avec cette capacité de rassembler les meilleures idées des grands de ce monde.

Mercredi 7 mars, l’écrivain prolifique aux multiples casquettes – historien des religions, sociologue, journaliste – a mis en lumière les liens intrinsèques entre la conscience, la liberté et le bonheur. «Une des clés du bonheur réside dans le fait d’être attentif à ce que l’on vit», explique-t-il. La présence dans l’instant apporte plus de plaisir et de joie. «Dans une journée, on va vivre plein de petits plaisirs. Par exemple, l’eau chaude de sa douche le matin. Le fait de les conscientiser nous rend plus satisfaits. Quant à la joie, elle nous tombe dessus comme une grâce, mais elle demande de la présence dans l’instant et une certaine ouverture de cœur. Par exemple, on peut être touché par la joie en se promenant dans la nature». Si joie et plaisir sont de courte durée, ils amènent toutefois à plus de satisfaction au quotidien et «on est heureux quand globalement, on aime sa vie».

Le bonheur, un état permanent

Mais Le bonheur est un état qui vise à être permanent. Citant Bouddha, Confusius et le taoïsme, Frédéric Lenoir guide son public vers la sagesse: «lorsque le bonheur ne dépend plus des aléas de la vie». «Une des clés plus profonde et beaucoup plus compliquée du bonheur réside dans l’acceptation. C’est-à-dire aimer la vie de manière inconditionnelle, même quand tout va mal. Il ne s’agit pas de fatalisme, mais de distinguer ce qui dépend de nous de ce que nous ne pouvons pas changer». Si cette posture semble difficile à suivre concrètement, le philosophe propose de s’y exercer au travers de situations quotidiennes anodines. Il donne l’exemple de la fourrière: «ma voiture a été embarquée. Je peux certes m’énerver, mais cela ne la fera pas revenir. Ou alors je peux en rire et me dire que cela n’a pas tant d’importance». Le tout réside dans le regard porté sur les événements.

«La liberté s’illustre à travers la réaction aux événements. Elle découle de la conscience et provoque de la joie. Est libre celui qui est conscient de soi et réalise sa nature propre. La conséquence en est le bonheur. Le bonheur dépend du regard qu’on porte sur la vie». Frédéric Lenoir souligne toutefois que «dans des pays en guerre, face à des persécutions ciblées ou encore dans certains systèmes dictatoriaux, le bonheur est quasiment impossible». Mais pour une bonne partie de l’humanité, le bonheur dépend en grande partie de la responsabilité individuelle et «il peut être atteint en travaillant sur soi».

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des grandes conférences de Champittet. Les fonds récoltés par la vente des billets sont versés à l’association Savoir être et vivre ensemble (SEVE), cofondée par Frédéric Lenoir, dont le principal consiste à promouvoir la pensée réflexive et philosophique chez les enfants et adolescents.