Un guide illustré dévoile aux enfants les secrets de la Collégiale de Neuchâtel

Un guide illustré dévoile aux enfants les secrets de la Collégiale de Neuchâtel

Les trésors que recèle la Collégiale de Neuchâtel sont désormais expliqués aux enfants. Un guide destiné à ces jeunes visiteurs vient de paraître dans le cadre du jubilé des 500 ans de la Réforme. Auteures de «Visite de la Collégiale de Neuchâtel», Elisabeth Reichen et Béatrice Zumwald ont convié le public à une visite initiatique conduite par un guide hors norme.

La population ne le savait pas et les touristes de passage à Neuchâtel encore moins: un des «oiseauxooooooh» de l’artiste-peintre Béatrice Zumwald s’est installé sur l’une des gargouilles de la Collégiale. Ce volatile adore jouer et raconter des histoires. Une particularité qui l’incite à guetter l’arrivée des visiteurs, surtout celles des enfants, pour leur faire découvrir son église fétiche.

Samedi passé, cet étonnant guide a eu du boulot plein les ailes. Une soixantaine de curieux de tous âges ont participé au vernissage de l’ouvrage où il partage la vedette avec le vénérable édifice. Assisté par trois très jeunes collaboratrices en communication – Julie, Anabelle et Daphné –, le volatile a proposé à la joyeuse cohorte un passionnant tour du propriétaire.

La visite débute par une halte dans son logis. L’occasion, pour le public, d’apprendre que les gargouilles étaient souvent des monstres et que leur rôle consistait à faire peur aux mauvais esprits ou à amuser les gens. S’ensuit une petite chasse visuelle aux monstres sur les absides extérieures et un bref atelier dessin pour immortaliser son préféré.

Berthe, Pierre, Paul et les autres

Dans le même périmètre, à côté de la porte du château, l’oiseau se pose sur une marche et lance: «On dit que c’est le montoir de la petite reine Berthe qui lui permettait de monter sur son cheval. Elle a vécu ici il y a très longtemps, au XIIe siècle. Grâce à elle et à son mari Ulrich, la Collégiale a pu être construite.»

Le cortège s’arrête ensuite devant la porte de Pierre et de Paul. «Autrefois, c’était la porte principale de l’église», signale l’oiseau, qui demande à l’assistance de dessiner ce que Pierre tient dans sa main gauche. Puis il prend la direction du portail actuel, où il met à contribution le sens de l’observation des visiteurs. «Regardez bien par terre. Vous voyez les dalles blanches? Elles délimitent l’ancienne chapelle de saint Guillaume.» Malicieux, le volatile leur suggère d’en faire le tour à cloche-pied.

Après avoir fait plus ample connaissance avec saint Guillaume, les participants pénètrent dans la Collégiale. Ils en explorent les moindres recoins et découvrent, notamment, le monument des comtes ainsi que la rosace située au-dessus de l’entrée.

Formule synonyme d’enthousiasme

La visite achevée, les commentaires vont bon train. Clémentine et Valentin, 8 ans, ont adoré les gargouilles. «Il y en a qui étaient vraiment rigolotes», lâchent-ils. Le guide? «Il est bien, il me plaît avec ses questions et ses petits jeux», note Clémentine. Elle ajoute qu’elle a aussi aimé les illustrations. «L’oiseau, il est chou». Valentin trouve que «la Collégiale est bien dessinée. La visite a passé vite, j’ai appris beaucoup de choses.»

Venue avec son petit-fils Néo, Vievolette est enthousiaste. «J’ai eu un énorme plaisir. Je trouve extraordinaire qu’on se concentre sur les besoins de connaissance des enfants. Une collégiale, ça peut être austère. Ce guide est adéquat pour répondre à leurs questions et susciter leur intérêt. C’est une réussite.»

Edifice emblématique de la ville

Bâtie en pierre d’Hauterive, la collégiale de Neuchâtel constitue un des édifices emblématiques de cette cité millénaire. Sa construction débute vers 1185 et s’achève – excepté les tours du chevet – en 1276. Les quelque cent ans qui s’écoulent entre le lancement du chantier et la dédicace expliquent le passage de l’art roman à l’art gothique.

Le chevet de la collégiale comprend un remarquable ensemble sculpté de la dernière décennie du XIIe siècle. Le portail sud héberge ainsi les statues des apôtres Pierre et Paul. A l’extrémité est, trois absides romanes de style rhénan forment la partie la plus ancienne de l’édifice. La nef, les transepts et la tour de la lanterne sont gothiques. Ils datent, eux, du XIIIe siècle.

La façade occidentale présente son porche transformé à la fin du XIXe siècle. Les dalles sur le sol rappellent le tracé des trois chapelles gothiques alors détruites. La collégiale abrite aussi le monument des comtes de Neuchâtel, cénotaphe parmi les plus beaux du patrimoine suisse. Commandés en 1372 par le comte Louis, ce tombeau et son ensemble statuaire échappèrent en 1530 à la mise à sac de la collégiale perpétrée au nom de la Réforme.

(nb)

Un contenu accessible et ludique

Fruit de la complicité unissant Elisabeth Reichen – diacre – et Béatrice Zumwald – illustratrice –, le petit guide qui vient de paraître se veut accessible et ludique. Destiné en premier lieu aux enfants, «Visite de la Collégiale de Neuchâtel» – tel est son titre – séduira également les adultes par son contenu pédagogique et artistique. Associant intelligemment textes, dessins et photographies, la mise en page de François Noguera n’est pas étrangère à la réussite de cette brochure de 24 pages.

De format pratique (A5), cette publication comble un vide. «Pour les enfants, mis à part le guide réalisé par la paroisse, il n’existait rien», note Elisabeth Reichen. «On a donc décidé, avec Béatrice Zumwald, de remédier à ce manque. Notre démarche a consisté à trouver un langage simple pour expliquer les aspects historiques et religieux.» Le personnage de l’oiseau, qui sert de fil conducteur à la visite, apporte ainsi une judicieuse touche interactive et poétique à l’ouvrage.

(nb)