Sarah Stewart-Kroeker sera la nouvelle professeure d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève

Sarah Stewart-Kroeker sera la nouvelle professeure d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève

Spécialiste de la pensée d’Augustin, la canado-américaine Sarah Stewart-Kroeker a été nommée professeure assistante d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève. L’une des deux chaires financées par des mécènes. Elle commencera son activité au mois d’août 2016. Interview.

Née aux Etats-Unis en 1985, Sarah Stewart-Kroeker a grandi au Canada, près de Toronto. Après des études de théologie suivies d’un doctorat au Princeton Theological Seminary (USA), elle s’est établie avec sa famille à Vancouver où elle poursuit des recherches à l’Université de la Colombie-Britannique. Mère de deux enfants et parlant couramment le français, elle rejoindra la Faculté de théologie de l’Université de Genève, en tant que professeure assistante d’éthique, au mois d’août prochain.

Qu’est-ce qui vous a motivé à postuler à l’Université de Genève?

Principalement deux choses: l’identité protestante de la Faculté de théologie et le fait que ce soit un poste en éthique théologique. La combinaison des deux n’est pas facile à trouver et elle relie tous les aspects qui sont centraux pour moi. De plus, je m’intéresse au contexte européen. Enfant, j’ai vécu deux ans en France, ce qui m’a amenée à mes questionner sur la politique en Europe.

Pourquoi avoir choisi d’étudier la théologie et de poursuivre une carrière académique dans ce domaine?

J’ai grandi dans l’Eglise presbytérienne. Ma mère est pasteure et mon père enseigne la théologie. Les questions théologiques ont fait partie de mon enfance. Et je crois qu’une partie de ma motivation vient aussi de mon envie de relier l’Eglise avec le monde politique et contemporain. A l’Université, j’ai commencé par étudier l’histoire de la philosophie et dans ce domaine les questions philosophiques et théologiques ne sont pas séparées jusqu’à l’époque des temps modernes. A partir de là, j’ai eu envie d’approfondir les questions théologiques et de les mettre en lien avec les problématiques de l’époque contemporaine. Relier les ressources historiques avec les enjeux contemporains continue de me motiver.

Vous êtes une spécialiste d’Augustin, qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce Père de l’Eglise, en particulier?

Je crois que c’est sa manière d’écrire et le domaine tellement vaste sur lequel il s’est prononcé. J’ai trouvé dans sa pensée une complexité, bien sûr, mais aussi que sa voix avait beaucoup à dire sur la société actuelle, ce qui n’est pas toujours le cas quand on lit des textes qui datent du Ve siècle. Par exemple, dans sa manière de décrire la condition humaine, mais aussi dans le fait qu’il ait vécu à une période de pluralisme religieux dans l’ombre de l’Empire romain déclinant. Il s’est trouvé dans un contexte de migrations énormes, des personnes quittaient l’Empire romain et venaient en Afrique du Nord, la violence était extrême. La voix augustinienne, qui s’engage dans les débats politiques, éthiques, et intellectuels sans perdre son enracinement théologique dans un temps de turbulences politiques et culturelles, a donc une portée pertinente pour notre temps.

Quelles sont vos recherches en cours?

En ce moment, je fais des recherches sur le cadre eschatologique de la vie morale terrestre, dans les commentaires des Psaumes. En particulier, comment l’anticipation de l’au-delà influence la manière dont on conçoit la vie morale actuellement, surtout au niveau politique et à travers les différences religieuses. Il y a plusieurs aspects que je veux examiner, je suis encore au début de ce projet.

Parallèlement, je termine les révisions finales de ma thèse sur «le Christ et la formation morale dans l’image augustinienne du pèlerinage», afin qu’elle soit publiée.

Votre chaire à l’Université de Genève est financée par un mécène, est-ce qu’il vous a fait part d’attentes particulières?

Non, hormis la spécification que c’est une chaire d’éthique théologique et que je ferai également partie de l’Institut romand de systématique et d’éthique (IRSE).