Les évangéliques se dotent d’une charte pour leurs camps

Les évangéliques se dotent d’une charte pour leurs camps

Le Réseau évangélique suisse, ainsi que d’autres associations évangéliques, se munissent d’une charte, à la suite de la suppression du financement public de leurs camps. La charte a été présentée et signée devant quelques journalistes et les membres des différentes associations évangéliques suisses.

«Cette charte est excellente et identitaire. Elle montre ce que nous faisons» déclare Michel Siegrist, directeur général de la Ligue pour la lecture de la bible, une des associations signataires. Avant sa prise de parole, un rap et une chorégraphie ont été interprétés par des jeunes devant quelques journalistes et les membres de différentes associations évangéliques, réunis au Hip-Hop Center à Berne, lieu où se combinent le hip-hop et la culture chrétienne.

Respect de la loi et de l’enfant

Cette charte, dont le nom complet est «Charte pour le service chrétien parmi les enfants et les jeunes», décrit les buts et les objectifs poursuivis par les associations évangéliques qui travaillent avec les jeunes et les enfants. Ses signataires ont à cœur de respecter la loi. Dès le préambule de la charte, ils s’orientent «sur la base du but présenté dans la loi sur l’encouragement de l’enfance et de la jeunesse (LEEJ) ainsi que sur les articles de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant».

Tout un programme qui s’organise également autour du développement du sens critique et l’encouragement de la capacité de réflexion des enfants, aux dires des signataires. «Notre but n’est pas de convertir», explique Michael Mutzner, secrétaire général du Réseau évangélique suisse (RES). «La spiritualité est un des objectifs des camps, mais ce n’est pas le seul!», poursuit-il.

Cette charte regroupe plusieurs Eglises évangéliques tant romandes qu’alémaniques, dont la Ligue pour la lecture de la bible, le Réseau jeunesse ou encore le RES. «Il ne s’agit pas d’un programme d’une Eglise, mais c’est une union entre différentes Eglises», a répondu un des signataires à un membre évangélique suisse-allemand. «Elle est donc reconductible chaque année. Autrement dit, on doit la signer tous les ans», affirme Michael Mutzner.

Subventions arrêtées

«Cette charte est née dans le contexte d’un questionnement sur nos objectifs parce que nos activités ont été remise en question et des subventions ont été supprimées, parce que certains pensaient que nous convertissions des enfants» explique Michael Mutzner. Pour mémoire, le RES avait annoncé travailler sur une charte, à la suite de la suppression de subvention pour certains camps, par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). A la suite de cette suppression, le RES avait également mandaté GFS-Zürich pour un sondage, afin de démontrer l’importance des camps chrétiens pour les familles. Dans son communiqué de presse de janvier dernier, le RES mettait en avant les conclusions du sondage qui montreraient que les familles seraient favorables au financement public de ses camps.

Cependant lors de la présentation de jeudi 19 mai dernier, la question du financement ne semble plus être prioritaire. «Notre but est la communication. On veut surtout entrer en dialogue et montrer ce que nous faisons» déclare une membre signataire. Michael Mutzner confirme également: «ce n’est pas un but, mais si cela permet de récupérer le financement, c’est tout bénéfique pour nous».

Du côté de l’OFAS, Eveline Zurbriggen, responsable «Questions Enfance et Jeunesse», rappelle que «les activités de l’organisation requérante doivent correspondre au but de la LEEJ en répondant réellement aux besoins des enfants et des jeunes». «Cela va plus loin que d’inscrire des objectifs dans une charte. Il importe que les enfants et les jeunes ne soient pas subordonnés aux finalités que poursuit l’organisation», explique-t-elle. Et pour le moment, «l’OFAS estime que de nombreuses organisations confessionnelles signataires de cette nouvelle charte sont encore loin de respecter ce principe et qu’elles doivent encore faire un certain travail pour y parvenir», poursuit Eveline Zurbriggen.

Au-delà de la problématique du financement, pour le secrétaire général du RES, «cette charte est également une autocritique. On a un vocabulaire qui nous est propre et bien sûr les familles qui vont dans les camps viennent de nos Eglises et connaissaient donc nos discours. Ce qui n’est pas le cas avec les autres instances.» Les associations évangéliques espèrent donc avoir un discours public clair grâce à leur charte.