Des foyers mixtes pour demain

Des foyers mixtes pour demain

L’Association française des foyers mixtes interconfessionnels chrétiens fête ce week-end son dixième anniversaire. Et se penche sur son devenir.

Comment une association fondée par leurs parents, voire leurs grands-parents, peut-elle transmettre son expérience et sa vocation aux jeunes couples d’aujourd’hui? C’est à cette question que devront répondre les participants au colloque de l’Association française des foyers mixtes interconfessionnels chrétiens (Affmic) les 7 et 8 novembre prochain à Lyon. «Après plus de dix ans d’action auprès des Eglises, nous nous trouvons à un tournant.», explique Julien Vielle, son président, «c’est pourquoi l’objectif de notre rencontre est d’essayer de définir comment nous pouvons passer le relais à ces jeunes foyers en tenant compte de leur mode de pensée et de vie». D’où le titre du colloque: l’audace d’ouvrir des pistes nouvelles.

L’Affmic a été fondée en 2005 pour fédérer les groupes de foyers interconfessionnels créés, pour les premiers, dès le début des années 1970. Réunissant pour la plupart des couples dont l’un des conjoints est protestant et l’autre catholique, ces groupes ont œuvré à surmonter les difficultés nées des pratiques différentes de leurs Eglises (baptême, catéchisme, mariage, communion). Dans la foulée de Vatican II, ils ont, il est vrai, bénéficié d’un climat œcuménique probablement plus porteur que celui d’aujourd’hui. «Nous avons bien fait notre travail», affirme Julien Vielle, «même si, bien sûr, il est loin d’être terminé».

Depuis 1975, beaucoup des obstacles qui se dressaient face aux foyers mixtes ont été résolus. Le baptême célébré dans une Eglise est reconnu par l’autre et la double inscription sur les registres baptismaux des deux paroisses est autorisée. Les Eglises catholique, luthérienne et réformée de France ont adopté en 1977 une «pastorale commune des foyers mixtes» reconnaissant que la situation de ces foyers peut représenter «une saine émulation spirituelle». Et en 1980, l’épiscopat français a publié un nouveau texte «Engagements et vocation des foyers mixtes» dont la conclusion affirme que «ce qui était jadis cause de tension peut aujourd’hui devenir source de grâce». Reste la question de l’engagement demandé au conjoint catholique de faire baptiser et d’éduquer ses enfants dans l’Eglise romaine et celle de l’accueil eucharistique pour le conjoint non catholique (cf. Les foyers mixtes s’invitent au synode — Protestinter mai 2015).

«Les jeunes ménages arrivent aujourd’hui après que nous leur ayons rédigé le mode d’emploi», explique Julien Vielle. «Mais ils ont probablement des attentes différentes, non pas sur le fond, mais sur l’action: les quelques contacts que nous avons avec des groupes de jeunes montrent en effet qu’il n’est pas question pour eux de participer activement à nos démarches. Ils ne les en jugent pas moins indispensables».

Individualisme de désengagement et primat de l’affectif: l’Affmic, comme beaucoup d’autres associations et même les Eglises, se trouve en effet confrontée au changement de mentalité de la société. Les premiers foyers mixtes n’hésitaient pas à descendre dans la rue pour des lâchers de ballons en proclamant «l’unité, c’est gonflé». Leurs enfants semblent réfractaires à toute forme de militantisme. Ils se posent néanmoins des questions assez classiques: comment exprimer sa foi vis-à-vis de son conjoint et de ses enfants? Quelle catéchèse choisir? Quelle école? «Ce que nous voudrions leur montrer au cours de ce colloque, conclut Julien Vielle, c’est qu’on peut avoir une identité forte et reconnue tout en faisant des choses en groupe. Qu’il est indispensable pour vivre sa foi qu’il y ait un contexte de communion. Une communion qui ne se limite pas à la famille ou à la paroisse, mais se retrouve aussi au sein de groupes, de réunions ouvertes, où l’on se pose des questions sur la vie et la foi et où l’on agit aussi. C’est le désir de cette communion que nous avons vécue et vivons encore, que nous souhaitons leur transmettre».