Pierre Paroz, décès d’un enseignant passionné

Pierre Paroz, décès d’un enseignant passionné

Le théologien et pasteur Pierre Paroz est décédé en début de semaine après avoir lutté durant plus de 10 ans contre la maladie de Parkinson. Unanimement reconnu comme un intellectuel brillant, il s’est engagé pour l’enseignement et la catéchèse.

Photo: Pierre Paroz en 2010, capture d'écran «Faut pas croire»

Atteint par la maladie de Parkinson, l’écrivain, théologien et pasteur Pierre Paroz s’est éteint mardi 3 février des suites de sa maladie. «La théologie protestante francophone perd l’un de ses penseurs, auteurs et pédagogues les plus originaux de ces dernières années», écrit Vital Gerber responsable de l’Office protestant d’édition chrétienne.

Né en 1949 à Bienne, Pierre Paroz a étudié la théologie à Lausanne et Zurich. Il a ensuite été pasteur au Villeret (près de Saint-Imier) puis à Moutier. En 1985, il défendra une thèse de doctorat à Neuchâtel consacrée à la controverse entre le philosophe allemande Hans Albert, pour qui le discours des Eglises est nécessairement autoritaire, et le théologien Gerhard Ebeling. Sa thèse sera publiée sous le titre «Foi et raison».

Durant tout son ministère pastoral, il consacrera une énergie importante à la catéchèse. Reponsable, durant plusieurs années, de la formation des catéchètes de l’Union synodale Berne, Jura, Soleure, il sera aussi l’auteur d’un «Catéchisme en dialogue», en 2004, ainsi que de «Le protestantisme vu par un adolescent.» En 2001, il quitte la vie pastorale pour enseigner la philosophie et les sciences des religions au gymnase de Bienne, avant d’apprendre, en 2003, qu’il est atteint par la maladie de Parkinson, qui l’obligera, en 2010, à s’arrêter de travailler.

Il écrira alors un ouvrage de réflexion sur la fin de vie: «Prends soin de ma fin». «Ce titre est finalement une prière», relevait-il lors d’un reportage de «Faut pas Croire». Dans ce livre, il défend notamment le droit au suicide assisté. «Cet ouvrage a été reçu de façon très émotionnelle par les médias», note l’éthicien Denis Müller. «Mais c’est aussi un ouvrage très honnête, cohérent avec ses écrits précédents, qui présente une réflexion de qualité sur la question. Mon seul bémol est peut-être qu’il n’est pas assez critique en ce qui concerne l’association Exit et son fonctionnement.»

Mais pour Denis Müller, «il ne fait aucun doute que Pierre Paroz était un intellectuel qui aurait eu la carrure d’un enseignement universitaire.» Le théologien qui connaissait peu Pierre Paroz «nous n’étions pas dans la même école théologique», souligne en particulier les qualités de «Foi et raison» et de «La reconnaissance», sa dernière grande publication.

Egalement enseignant au gymnase de Bienne, Vital Gerber a été stagiaire de Pierre Paroz. «Il avait beaucoup de connaissances, dans beaucoup de domaines. Il était capable de mener des raisonnements très rigoureux, et en même temps, il avait beaucoup d’humour et savait raconter des blagues.»

Aujourd’hui professeur de théologie à l’université de Neuchâtel, Félix Moser a été pasteur en même temps que Pierre Paroz: «Le vallon de Saint-Imier était une pépinière extrêmement stimulante. Nous échangions nos expériences de paroisse et de catéchisme». Dans cette équipe qui a ensuite près des chemins divers, il y avait aussi Maurice Baumann et Pierre-Luigi Dubied. «Pierre Paroz a fait un travail colossal sur la catéchèse, raconte Felix Moser. Il a été un initiateur du catéchisme existentiel, c’est à dire centré sur les préoccupations des adolescents.» Sa réflexion théologique était nourrie par sa vie pastorale. «Pierre Paroz n’a jamais été un théologien de bureau, c’était un homme de terrain», souligne Felix Moser. Il voulait croire, comprendre et faire comprendre.

«C’était aussi un passionné de théâtre, relève Felix Moser. Il a mis en scène et écrit de nombreuses pièces avec des troupes de paroisses. Il écrivait aussi des contes. C’était devenu presque une tradition de Noël que d’entendre le conte de Pierre Paroz.» Certains ont été publiés.

Si la maladie lui prenait peu à peu ses capacités physiques, son esprit restait vif. Félix Moser le reconnaît: «son déclin a été une grande souffrance pour lui, il avait encore des choses à dire...»