En mémoire de ses origines, l’abbaye de Bellelay accueille des chanoines prémontrés

En mémoire de ses origines, l’abbaye de Bellelay accueille des chanoines prémontrés

Depuis le début de l’année, l’abbatiale de Bellelay célèbre son tricentenaire. Pour clôturer les festivités, un comité interconfessionnel a invité cinq chanoines prémontrés, le week-end du 18 et 19 octobre prochains. Pendant plus de 800 ans, cet ordre a occupé ce site historique.

Photo: L'abbatiale de Bellelay

«Nous célébrons 800 ans d’histoire et le tricentenaire de l’abbatiale qui a été reconstruite en 1714 après avoir été détruite par le feu», explique l’ancien Michel Hummel – un statut qui chez les mennonites équivaut à celui de pasteur –, lors d’une conférence de presse, mardi 23 septembre, à la fromagerie de Bellelay. Pour clôturer les festivités, un comité interconfessionnel qui regroupe les communautés catholiques, protestantes et anabaptistes des cantons de Berne, Jura et Neuchâtel a invité cinq chanoines de l’ordre des Prémontrés de l’abbaye de Mondaye, située dans le Calvados, en France, le 18 et 19 octobre prochains.

Créée au XIIe siècle, l’abbaye de Bellelay a été habitée par des chanoines prémontrés pendant près de 800 ans. En 1797, alors que sa renommée était à son apogée, les troupes françaises de la Révolution ont pris possession de l’établissement et les religieux ont été chassés. Ainsi, pour la première fois depuis plus de 200 ans, cinq chanoines prémontrés retourneront sur le site de Bellelay. «Nous n’avons pas organisé cette rencontre dans un élan de nostalgie pour réimplanter le prémontrés à Bellelay, mais ce week-end rassemble beaucoup de symboles du XVIIIe et du XIVe siècle», précise Michel Hummel, qui fait partie du comité interconfessionnel.

Première célébration publique depuis 1792

Au programme, une célébration œcuménique se déroulera dans l’abbatiale le dimanche 19 octobre. «C’est la première cérémonie publique depuis 1792. En regard du passé, une célébration œcuménique qui réunira les protestants, les mennonites et les catholiques de la région est un événement historique», se réjouit le pasteur Marc Seiler, membre du comité interconfessionnel. Pour organiser ce rendez-vous avec les chanoines, l’abbé Nino Franza, président du comité, s’est rendu à l’abbaye de Mondaye. Un chœur pluriconfessionnel, créé pour l’occasion, animera la célébration.

Parallèlement, l’abbé de Mondaye, frère François-Marie Humann s’entretiendra sur la vie spirituelle à la bibliothèque de l’abbatiale, le samedi soir. Le dimanche après-midi, l’ancienne journaliste et auteure, Jeanne Lovis, présentera son dernier ouvrage «Bellelay à Dieu et à Diable, Grégoire Voirol, 1757-1827, chanoine prémontré». «J’ai essayé, avec un sujet ennuyeux pour beaucoup de gens, d’écrire un ouvrage léger, fluide et drôle qui raconte l’histoire d’une vocation», explique l’auteure.

Différents événements se dérouleront également aux alentours de Bellelay: Une grand-messe dans l’église catholique de Saignelégier, un office dans la chapelle mennonite de Moron et encore des laudes au temple de Sornetan. «Nous avons souhaité relier le patrimoine religieux autour de Bellelay», ajoute Michel Hummel.

Une messe solennelle, présidée par l’abbé de Mondaye et suivie d’un concert d’orgue, clôturera l’événement. Le comité interconfessionnel a collaboré avec le Conseil du Jura bernois et la commune de Saicourt pour organiser ces festivités.

Bref historique de l'abbaye

Créée au XIIe siècle, l’abbaye de Bellelay fut habitée, à ses débuts par des chanoines prémontrés venus de l’abbaye du Lac du Joux. A cette époque le pape Innocent II, lui confirma des possessions et des vignes et en fit ainsi un établissement «riche et considéré». Néanmoins, trois incendies consécutifs frappèrent l’abbaye entre le XVe et le XVIe siècle. L’église actuelle, de style baroque, a été construite entre 1710 et 1714. En 1797, alors que la renommée de l’abbaye était à son apogée, les troupes françaises de la Révolution prirent possession de l’établissement et les religieux furent chassés. Les biens de Bellelay furent vendus et l’église se transforma en brasserie, en écurie et en entrepôt. L’abbatiale tomba alors en ruine. En 1891, le canton de Berne racheta toute la propriété et en fit un hôpital psychiatrique dès 1898. L’abbaye fut rénovée entre 1957 et 1960 pour devenir un lieu de rencontres culturelles qui accueille chaque année des expositions d’art contemporain.