Une nouvelle super-héroïne musulmane surgit sur les écrans au secours de l'éducation des filles

Une nouvelle super-héroïne musulmane surgit sur les écrans au secours de l'éducation des filles

(RNS - ProtestInter) Une nouvelle série animée a fait son apparition au Pakistan: «Burka Avenger» (la justicière à la burka). Elle raconte les aventures d'une enseignante musulmane vêtue de son habit noir et de sa cape, le visage masqué tel un ninja, et dont les seules armes sont les lourds livres et les crayons acérés dont elle darde les hommes qui s'opposent à l'éducation des filles.

Cette fiction fait écho à l'histoire vraie de l'adolescente pakistanaise Malala Yousafzai, farouche militante de l'éducation des filles, qui a été victime d'un attentat manqué lors duquel une balle s'est logée dans son crâne.

Depuis le 28 juillet, la justicière à la burka se mesure avec un succès certain à ses ennemis – qui ressemblent fort à des talibans.
«Nous allons bientôt lancer la série à l'international», a-t-on pu lire le 7 août sur la page Facebook de la série.

«Nous allons veiller à ce que tout le monde ait la possibilité de suivre le combat de la vengeresse à la burka en faveur de la justice, de la paix et de l'éducation pour toutes et tous.»

La série est diffusée en ourdou mais on trouve sur YouTube une bande-annonce en anglais de plus de deux minutes. Au Pakistan, les téléspectateurs peuvent regarder la série sur Geo Tez, une chaîne du groupe GEO, à une heure de grande écoute, le dimanche en fin de journée.

La justicière à la burka prend sous son aile trois écoliers idéalistes du «pays de Halwapur» qui parlent de l'importance de l'éducation pour les femmes, tandis que leurs violents adversaires affirment que les filles ne devraient pas aller à l'école. Parmi ces ennemis figure Baba Bandook, un magicien diabolique aux dents de vampire armé d'un lance-flammes.

Baba Bandook a pour allié un politicien chauve et corrompu qui arbore en médaillon un symbole du dollar. Son objectif est de faire fermer l'école pour mettre la main sur ses fonds.

L'un des thèmes mélodiques est interprété par Haroon, qui chante en anglais dans le refrain: «Don't mess with the lady in black» (ne cherchez pas des noises à la dame en noir). «Elle ne cogne pas», a indiqué Aaron Haroon Rashid à CBS News. «Elle ne donne pas de coups de poings, ni de coups de pieds, elle ne tire sur personne. Elle se contente de lâcher des livres sur la tête des méchants ou de leur décocher des crayons.» «Le message qu'on souhaite faire passer, c'est que l'éducation est importante et que la plume est plus forte que l'épée.»

Débat autour de la burka

Cependant, la burka est un sujet de préoccupation pour certains militants. Non pas les talibans mais une poignée de Pakistanais ayant reçu une éducation à l'occidentale et qui dénoncent cet habit recouvrant de la tête aux pieds de nombreuses fidèles musulmanes.

La militante des droits humains Marvi Sirmed a déclaré à CBS que la burka est «un outil d'oppression» et «un symbole de la soumission des femmes.» Selon elle, «on ne peut pas l'utiliser pour s'octroyer des pouvoirs».

Aaron Haroon Rashid, quant à lui, prend la défense du costume porté par le personnage. De jour, la justicière est aussi une enseignante affable dénommée Jiya. Dans ce rôle, elle ne porte ni burka, ni foulard. Mais la nuit, elle s'enveloppe d'une burka noire aux contours ajustés – et non pas ample comme elle est traditionnellement portée – qui ne laisse découvrir que ses yeux et ses doigts aux ongles vernis de noir. (JMP)