Chercher Dieu à l'intérieur de soi: Michel Théron invite à la méditation

Chercher Dieu à l'intérieur de soi: Michel Théron invite à la méditation

Vivre la religion comme lecture de soi et recueillement en soi : c’est le cheminement que propose Michel Théron dans son dernier ouvrage « La source intérieure »
Pour l’auteur du « Petit lexique des hérésies », (voir notre article 0914), Dieu est présence intérieure. Inutile de chercher au dehors des preuves rationnelles de son existence ni d’attendre que la révélation vienne d’ailleurs. C’est en fait à un véritable renversement du regard et un retournement de l’attitude auxquels l’écrivain invite le lecteur. Vivre la religion comme lecture de soi et recueillement en soi : c’est le cheminement que propose Michel Théron dans son dernier ouvrage « La source intérieure ». Pour l’auteur du « Petit lexique des hérésies », (voir notre article 0914), Dieu est présence intérieure. Michel Théron, qui n’est ni théologien ni historien mais professeur de littérature, invite le lecteur à renouer avec la vérité profonde et essentielle qui est en lui et à vivre la religion comme un recueillement en soi. Pour lui, Dieu est présence intérieure, et l’auteur de rappeler à la fois les paroles de Sénèque, « Dieu est près de toi, avec toi, à l’intérieur de toi », et celles de Jésus dans l’Evangile de Thomas, « Mais le royaume est au-devant de vous ».

L’auteur scrute amoureusement les mots des textes bibliques pour en dégager le sens originel, débarrassé de tout dogme, et souligner leur capacité à nous éclairer aujourd’hui. Il cherche à travers eux la parole, source de vie, qui fait sens par sa pertinence intrinsèque. Il interroge les paroles de Jésus tirées de l’Evangile de Thomas, et de « L’Evangile inconnu »*, recueil des paroles de Jésus que les chercheurs appellent la source Q (de l’initiale du mot allemand Quelle), commune aux évangiles canoniques.

Ses réflexions ne sont pas une incitation à se bricoler un petit Dieu intérieur et à se replier sur soi, mais appellent à la solitude positive « qui se nourrit de relations et d’écoute sans se laisser absorber par elles » et qui permet de chercher la paix intérieure. Michel Théron distingue cette solitude qu’il estime féconde, de l’isolement négatif de celui qui ne pratique ni l’échange ni la rencontre et s’enferme dans un monologue égocentrique. Il stigmatise le repli sur soi et propose de l’histoire de Jonas une interprétation toute personnelle qui condamne sans appel la régression et l’immobilisme qui, selon lui, mènent tout droit à la rigidité et à l’intolérance.

Des différentes définitions du mot religion, il rejette celle qui en fait une religion-lien, qu’il voit comme un contrat de dépendance, fait de crainte de châtiment et d’espoir de gain, et préfère le sens second du mot, qui est « recueillement ».

Certains bondiront à la lecture de quelques-unes de ses interprétations qui appellent la polémique. Le propos de Michel Théron a le mérite de stimuler notre réflexion, d’ouvrir à des interprétations possibles, plausibles, voire même et libératrices, de la Bonne Nouvelle (sens propre du mot « évangile »). « Si le texte biblique est inspiré comme on prétend ou objecte souvent, nous n’en savons rien, écrit Michel Théron, mais c’est bien assez s’il nous inspire. Il est fait de ce qu’il éveille, réveille, fait surgir en nous ». Une sacrée reconnaissance sous la plume d’un agnostique !

*Frédéric Amsler, éd. Labor et Fides, 2001.

**Michel Théron, La Source intérieure, préface d'André Gounelle, 2005, éd. L e Publieur (www.lepublieur.com).