Pontificat de Benoît XVI: le bilan de huit années de dialogue œcuménique

Pontificat de Benoît XVI: le bilan de huit années de dialogue œcuménique

Alors que le pape Benoît XVI s’apprête à déposer sa charge, l’heure semble être au bilan d’un pontificat relativement bref, huit ans, mais riche en événements. ProtestInfo vous propose de revenir sur les faits marquants du dialogue œcuménique entre l’Eglise catholique romaine et d’autres confessions chrétiennes depuis 2005.
(Photo: le pape avec l'ancien chef anglican)


L’élection de Benoît XVI, le 19 avril 2005, avait suscité des craintes dans certains milieux, notamment protestants, qui voyaient en lui avant tout l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’organe d’élaboration doctrinale de l’Eglise catholique romaine. A ce titre, celui qui était encore le cardinal Ratzinger avait été l’un des auteurs, en 2000, de la déclaration Dominus Jesus.

Celle-ci avait été mal reçue dans de nombreuses Eglises parce qu’elle affirmait que l’Eglise catholique était la seule voie d’accession au salut pour l’humanité; cette affirmation avait été comprise comme une régression par rapport aux textes du concile Vatican II, qui avaient ouvert la voie à une reconnaissance de l’action de Dieu par le biais d’autres Eglises et d’autres confessions.

L’action du nouveau pape en matière d’œcuménisme était donc très attendue par ses partenaires de dialogue. Huit ans plus tard, on peut dire que des avancées significatives ont été faites, mais pas sur tous les fronts.

Dialogue catholique-orthodoxe

C’est sans aucun doute dans le dialogue catholique-orthodoxe que les acquis ont été les plus importants. Un an après son élection, le 1er mars 2006, Benoît XVI a pris la décision de renoncer à son titre de «patriarche d’Occident», un titre qui l’opposait d’emblée aux patriarches d’Orient orthodoxes. Il a également pris des mesures qui ont considérablement facilité le dialogue avec le patriarche de Moscou Alexis II, dont les relations avec son prédécesseur Jean-Paul II étaient très tendues.

L’événement le plus marquant du pontificat en ce qui concerne le dialogue catholique-orthodoxe est probablement la signature d’un document commun, le document de Ravenne du 13 octobre 2007, qui affirme une conception commune de l’Eglise et des ministères. Les partenaires s’accordent également sur la reconnaissance du primat de l’évêque de Rome, mais notent cependant un désaccord sur la manière d’interpréter ce primat.

Dialogue catholique-anglican

Si Benoît XVI a continué à entretenir les relations amicales entre catholiques et anglicans qui avaient été initiées par le pape Paul VI et l’archevêque de Cantorbéry Michael Ramsey lors de leur rencontre historique de 1966, le dialogue qui semblait près d’aboutir à une reconnaissance des ordinations anglicanes par l’Eglise catholique est au point mort depuis les premières ordinations féminines au sein de la Communion anglicane. Les deux parties continuent néanmoins à renouveler le souhait qu’un dialogue fructueux puisse reprendre dans un avenir proche.

Dialogue catholique-protestant

Si le dialogue catholique-protestant n’a permis d’aboutir à la signature d’aucun accord au cours du pontificat, il faut signaler le voyage remarqué de Benoît XVI à Erfurt (Allemagne), ville natale du réformateur Martin Luther, en septembre 2011. A cette occasion, il avait rencontré les responsables de l’Eglise protestante allemande (Evangelische Kirche in Deutschland) et leur avait adressé un discours rendant hommage à la figure de Luther et à sa quête inlassable de la miséricorde de Dieu.

Il avait appelé dans ce discours à ne pas se concentrer sur ce qui sépare encore les différentes confessions chrétiennes au point d’oublier l’étendue de ce qu’elles ont en commun. «Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est pour moi, que nous nous soyons rendu compte de cette communion», a-t-il déclaré à cette occasion.

Du côté protestant, on attendra probablement, de la part du successeur de Benoît XVI, un geste significatif pour l’année 2017, qui commémorera le 500ème anniversaire de l’affichage par Luther des 95 thèses à Wittenberg, geste fondateur de la Réforme.