En Valais, les pasteurs béniront les homosexuels (ou pas)

En Valais, les pasteurs béniront les homosexuels (ou pas)

Lors de leur dernier Synode, les réformés valaisans ont décidé de laisser aux pasteurs le soin de choisir s’ils étaient à l’aise avec l’idée de bénir des mariages de couples de même sexe.

Bénir les couples homosexuels en Valais? «Rien ne s’y est jamais opposé», a tenu à rappeler Gilles Cavin, président de l’Église réformée évangélique du Valais (EREV). Il répondait alors à une clarification demandée par la paroisse de Sion, en amont de son dernier Synode qui s’est tenu samedi 29 octobre dans la salle du Grand Conseil valaisan. Dans un courrier daté du 28 juillet, le Conseil de la paroisse sédunoise demandait expressément au Conseil synodal (Exécutif) d’avancer le débat prévu sur la «question de la bénédiction nuptiale des couples de même sexe», initialement prévu pour le printemps 2023.

Les signataires du courrier se montraient alors inquiets: «Le sujet est particulièrement délicat et une unanimité est loin de se dessiner tant chez les ministres que certainement parmi les membres de notre Église.» Le mariage civil de personnes de même sexe étant possible en Suisse depuis le 1er juillet 2022, des demandes de bénédiction auxquelles pourraient de fait être exprimées auprès de ministres valaisans. Le Synode est donc interpellé à «tracer des lignes de pratique pastorale» car, «en l’état actuel des choses, [les ministres] sont laissés à leurs seules conscience et décision».

Le Synode ne se prononce pas

Lors de sa prise de parole, Gilles Cavin a rappelé qu’en Valais, «il n’y a jamais eu de discussion de fond sur le sujet, à savoir si nous étions pour ou contre la bénédiction de l’union de couples de même sexe». Ainsi, explicitant qu’au sein de l’EREV «existent des avis divergents sur la question», Gilles Cavin, au nom du Conseil synodal, a proposé de décliner la proposition de clarification demandée par la paroisse de Sion, afin de ne pas avoir à se montrer «doctrinaire» sur ce point. Ce refus de statuer, dans le souci de «maintenir une Église forte et unie», permettrait en effet aux pasteurs «d’agir selon leurs convictions personnelles».

Cette souplesse est facilitée par le fait que le règlement ecclésial de l’EREV ne mentionne jamais qu’une union doive être celle d’un homme et d’une femme. À l’inverse, la révision de plusieurs articles du règlement ecclésial vaudois relatifs à la bénédiction nuptiale est à l’ordre du jour du prochain synode de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, prévu les 4 et 5 novembre prochains.

Quels couples?

Et si l’option proposée par le Conseil synodal de l’EREV a largement été soutenue par le vote de ses délégués, à 31 voix contre 5, la discussion initiée à Sion samedi dernier a semblé confirmer la pertinence du choix fait par l’exécutif valaisan. «Je suis heureux d’être dans une Église ouverte, et qui respecte le multidunisime qui nous caractérise», s’est félicité Robert Zamaradi, pasteur à Monthey. Fabrice Roth, conseiller de la paroisse Martigny-Saxon, a également déclaré que «rester ouvert était un grand avantage».

Toutefois, lorsqu’il a été demandé à Gilles Cavin si des statistiques existaient et si des demandes de bénédiction de couples de même sexe avaient déjà enregistrées en Valais, le président de l’EREV a indiqué que «rien de formel n’existait à ce sujet-là», et qu’aucun ministre, pour le moment, «n’avait encore célébré d’union de cet ordre». Même constat chez «les Églises sœurs» où selon Gilles Cavin «cela reste très sporadique, le nombre de demandes étant très faible».