Les Églises réformées romandes élisent leur exécutif

Les Églises réformées romandes élisent leur exécutif

Réunie en assemblée générale le 27 novembre à Lausanne, la Conférence des Églises réformées romandes a renouvelé son exécutif et réinterrogé certains fondamentaux.

C’est par acclamation que la Conférence des Églises réformées romandes (CER) a renouvelé son exécutif, lors de sa 49e assemblée générale, le 27 novembre dernier à Lausanne. Résultat: le pasteur vaudois Jean-Baptiste Lipp conserve la présidence du Conseil. À ses côtés, le pasteur neuchâtelois Christian Miaz, lui aussi réélu, passe de trésorier à vice-président. Quant au Genevois laïc David Bréchet, dès janvier, il campera le poste de grand argentier, complétant ainsi l’exécutif à trois têtes. La rencontre a surtout été l’occasion pour les représentants des exécutifs des six Églises membres d’ouvrir des débats de fond.

À commencer par l’application Appliculte. Le projet visait la mutualisation du patrimoine liturgique avec les Églises de la Communion Protestante Luthéro-Réformée de la France intérieure et d’Alsace (CPLR). Le recueil francophone devait faire suite à LiturgiCiel, dont le support informatique est devenu obsolète. Il se voulait une boîte à outils de propositions liturgiques à la disposition des ministres.

Entre tradition et innovation

Mais le projet a été refusé par l’assemblée. La raison: la pertinence d’un tel outil pour les ministres. «Il faut éviter que cette application soit un outil de thésaurisation. Il est nécessaire d’opérer un tri dans les contenus qui s’y compileraient», a lâché le Neuchâtelois Yves Bourquin. «Mutualiser le patrimoine religieux est un vœu pieux!», a ajouté le Vaudois Vincent Guyaz, qui craint que l’application ne devienne un «musée». «Pour avancer, il faut connaître ses racines», a répondu Didier Halter, directeur de l’Office protestant de formation (OPF), qui n’a pas manqué d’ajouter que les spécialistes de la plateforme liturgie dont il fait partie étaient légitimes pour faire un tri dans les contenus et ainsi soutenir le futur responsable de l’application.

Face aux réticences et à l’existence de sites regroupant du matériel liturgique, le Valaisan Stephan Kronbichler a rappelé que «dans une entreprise, quand il y a un nouveau projet, on commence par faire une étude de marché, pourquoi n’est-ce pas le cas ici?» Après un rapide tour de table, les avis sont partagés: d’un côté le nouvel outil serait utile pour des chargés de ministère à Genève, de l’autre le taux d’utilisation de l’outil actuel LiturgiCiel, dont le contenu serait cédé à la nouvelle application, est faible.  «Un tel recueil permettrait-il l’innovation?», s’est interrogée la Vaudoise Anne Abruzzi? «On ne peut pas former les gens à l’innovation, sans connaître ce qui existe», a répété Didier Halter. Si personne ne souhaite voir disparaître le patrimoine, l’application comme le rapport du Conseil exécutif n’ont pas convaincu l’assemblée.

Discussion nourrie aussi autour de l’interpellation du Vaudois Laurent Zumstein. Ce dernier a demandé des explications quant à la non-entrée en matière du Conseil exécutif concernant la demande de dépense de 40'000 fr. pour la création d’un site romand Terre nouvelle, le label qui rassemble la vision et les actions des œuvres d’entraide DM et EPER sur le terrain paroissial, via des animateurs dédiés. Pour l’exécutif, un travail sur la communication des Églises est nécessaire et aujourd’hui plus urgent que le lancement d’un site internet supplémentaire. Les présidents des Églises membres se retrouveront d’ailleurs début 2022 pour entamer ce chantier. Dans l’assemblée, le débat a rapidement débordé sur la visibilité de la vision Terre Nouvelle en dehors du sérail et le travail des œuvres d’entraide. Face à l’ampleur de la discussion, le délégué Laurent Zumstein a finalement proposé qu’un montant de 25'000 fr. soit dédié au nouveau site. Une dépense supplémentaire acceptée par l’assemblée tout comme le budget 2022 équilibré de 3'329'699.55 fr.

Aide à la culture

Le coronavirus n’a pas échappé aux débats. Touchée de plein fouet par la pandémie, la Compagnie de théâtre de la Marelle a soumis une demande de subside de 40'000 fr. renouvelable au Conseil exécutif de la CER. Si ce dernier a souligné la pertinence d’une telle offre culturelle réformée dans les paroisses romandes, il a rappelé que la CER est en charge des départements de la formation, des médias et de l’édition, et que la vocation du Conseil restait la mutualisation. Dès lors, la demande de subside sort du mandat.

L’assemblée, quant à elle, a estimé que la Compagnie de la Marelle aurait tout intérêt à s’adresser directement aux Églises membres, qui soutiennent déjà à titre individuel leurs productions. Elle s’est donc prononcée en faveur du réexamen de la demande de subvention par le Conseil exécutif, le laissant libre de la traiter ou d’offrir au quémandeur un conseil.