Église réformée vaudoise: à l'écoute des couples

L’Église réformée vaudoise veut rabibocher les couples

En mai, l’Église évangélique réformée vaudoise ouvrira à Lausanne un lieu d’écoute et d’accompagnement spirituel dédié aux couples et aux familles. À quelques jours de l’ouverture, la pasteure Claudia Bezençon et une partie de l’équipe pointent l’importance d’une telle offre.

«L’Église doit être présente pour toutes les situations de la vie», lâche Claudia Bezençon, pasteure de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV) et thérapeute de couple et famille. Une nouvelle pierre s’ajoute désormais à l’édifice.

Si les activités proposées par l’Église vaudoise pour rejoindre les couples et familles dans leur chemin de foi ne manquent pas, aucun espace n’avait jusqu’à présent pour vocation d’offrir à ces derniers une écoute dédiée à leurs réalités et épreuves singulières.

C’est à présent chose faite. Ou presque. Au mois de mai, le «Bol d’air» ouvrira ses portes dans les locaux de la paroisse de Villamont, à Lausanne. Dans ce nouveau lieu d’écoute et d’accompagnement spirituel de l’EERV, l’équipe offrira un espace d’échange et de ressourcement pour tous les couples et les familles qui en feront la demande. Avec ou sans rendez-vous, le temps d’un café ou plus, avec ou sans enfant, le lieu prône un accueil de toutes les rudesses de la vie de couple, mais aussi familiale. Et pourquoi pas aussi faire un bout de chemin dans sa spiritualité en abordant les questions de sens qu’elles font émerger.

Un espace inclusif

Aux côtés de la pasteure Claudia Bezençon, notamment, Olivier Goldschmidt annonce la couleur: «Le Bol d’air s’inscrit dans une démarche d’ouverture, de dialogue et d’écoute. Une occasion de parler avec une personne qui ne fait pas partie de vos proches, de sujets très personnels, en toute discrétion. Nous sommes prêts à accueillir toutes les réalités, sans jugement.» Comment juger d’ailleurs, alors qu’aujourd’hui, certainement plus qu’hier encore, il est tout bonnement impossible de donner une définition du couple ou de la famille. L’accueil sera donc inconditionnel et inclusif, parce que «nous croyons en un Dieu d’accueil», pose le théologien Yvan Bourquin, membre du groupe de pilotage du projet.

Séparation, divorce, deuil, épreuves professionnelles, de santé, précarité économique et sociale, mono ou homoparentalité feront certainement partie des problématiques, listées par Claudia Bezençon. Et si chaque réalité est différente, «les besoins sont bien souvent les mêmes: être en confiance, dans la tendresse et l’amour», explique la pasteure.

Un lieu unique

L’objectif poursuivi n’est pas thérapeutique, en cela, le «Bol d’air» ne cherche pas à faire de la concurrence aux services psy ou sociaux existants, vers lesquels d’ailleurs une redirection sera proposée au besoin. «Il s’agit d’une alternative offerte au sein de l’EERV», précise Claudia Bezençon. Inédite surtout. En effet, si côté catholique, la pastorale des familles a déjà de la bouteille, chez les protestants, il n’y a pas d’équivalent.

Le projet, qui taraude la ministre depuis plusieurs années déjà, tombe à pic. Et pour cause, le travail et le lien avec les familles est au cœur de la vision que s’est fixée l’exécutif de l’EERV pour la législature en cours. Sans compter les dégâts provoqués par la pandémie. «Actuellement, on le voit bien, les psys sont débordés, et on constate une augmentation du taux de suicide chez les jeunes. Il est donc temps, que l’Église, elle aussi, offre un lieu où pouvoir exprimer de telles difficultés», constate Claudia Bezençon.

Des rites à créer

L’inclusivité du «Bol d’air» rime aussi avec l’intergénérationnalité. «Lorsque vous avez des années de vie commune et que votre conjoint tombe malade ou décède, où allez-vous? À qui pouvez-vous en parler?» interroge la pasteure.

À l’époque, en paroisse, Claudia Bezençon avait lancé un café des divorcés, constatant le désarroi des concernés. «Evitons de lâcher les rares personnes qui viennent encore bénir leur union à l’Église», note la ministre. Dans la foulée, elle évoque d’ailleurs la possibilités de créer des rituels selon les situations et les demandes. Alors que le «Bol d’air» s’apprête à offrir ses premières doses d’oxygène, on imagine déjà l’organisation de retraites, des liens avec les paroisses du canton et, pourquoi pas, des ponts avec la Ville de Lausanne.

Infos pratiques

Le Bol d’air, Avenue de Villamont 13, 1005 Lausanne, maison de paroisse en-dessous du temple, 1er étage. Contact: 079/224 44 98, claudia.bezencon@eerv.ch. Présence: jeudi après-midi et sur rendez-vous. Ouverture le 10 mai 2021.