L’Église réformée neuchâteloise se transforme en douceur

L’Église réformée neuchâteloise se transforme en douceur

L’avenir de l’Église réformée neuchâteloise a été au centre des discussions du synode du mercredi 26 août. La mutualisation progressive des tâches devrait permettre de libérer des forces pour de nouvelles activités.

Alors que les projets ont une fin, ce n’est pas le cas des processus qui permettent une infinie possibilité de transformations. Le Conseil synodal de l’Église évangélique réformée neuchâteloise (EREN) a fait son choix: «Le projet EREN 2023 se métamorphose en processus», explique Christian Miaz, le président du Conseil synodal (exécutif). Réunis au château de Neuchâtel, les délégués au Synode ont longuement débattu du projet de réforme de leur Église. Initié en 2014, le projet destiné à repenser l’Église de demain répond à la diminution du nombre de protestants et à une baisse des rentrées financières. Mercredi 26 août, l’exécutif a présenté à l’assemblée l’avancée des travaux. Le fil rouge du processus EREN 2023 réside dans les mutualisations. Il s’agit de mettre en commun les activités et les moyens afin de fonctionner de manière plus efficiente et de multiplier les impacts ainsi que la portée des actions. Par exemple, certaines paroisses se sont déjà unies pour donner le catéchisme.

«Je vous rassure, rien ne vous sera imposé de force. Cette réforme de l’Église vise à donner de l’espace et de la souplesse pour que de nouvelles formes de créativité puissent voir le jour», insiste le conseiller synodal Yves Bourquin, qui a fait un parallèle avec le jeu du taquin, ce casse-tête en forme de damier qui est composé de quinze carreaux numérotés à remettre dans l’ordre de 1 à 15. «Pour y arriver rapidement, il y a deux solutions. La plus extrême consiste à prendre un tournevis et enlever toutes les pièces, puis les remettre dans le bon ordre. Or cela risque d’abîmer le jeu. L’autre option est de suivre les règles, de déplacer les pièces les unes après les autres tout en découvrant des astuces au fil du temps. Le processus EREN 2023 est un magnifique et géant jeu du taquin», illustre-t-il. Au niveau du timing, le Conseil synodal vise des changements visibles dès 2025 ou avant.

Des débats fructueux

Pendant plusieurs heures, délégués et conseillers synodaux ont mené un débat riche et fécond. Si les délégués ont salué la transformation du projet en processus, ils ont aussi fait part de leurs interrogations quant à sa mise en place concrète. «Si la mutualisation consiste en une professionnalisation des tâches, est-ce vraiment ce qui va permettre de redonner un nouveau souffle à l’Église?» s’interroge Armelle von Allmen, de la paroisse des Hautes-Joux. «En quoi cette réforme va-t-elle répondre au problème de diminution du nombre de personnes dans notre Église», s’est inquiété un autre délégué. «Actuellement, les activités régulières nous donnent peu de place pour aller à la rencontre des autres. L’objectif de cette réforme est justement de pouvoir en trouver», rappelle Yves Bourquin. «Et de miser sur l’intelligence collective», ajoute le conseiller synodal Jacques Péter.

«Aller vers la population demande une immense finesse et de gros efforts de formation pour y arriver. Comment aujourd’hui rejoindre les gens dans le respect?» demande Thierry Muhlbach, de la paroisse de La Chaux-de-Fonds. «Je suis réjoui et effrayé par ce processus. Dans mes souvenirs, je n’ai jamais réussi le jeu du taquin sans un tournevis», plaisante à moitié David Allison, de la paroisse du Val-de-Travers.

Initié en 2014, le projet EREN 2023 a été adopté en 2016. Puis, différents modèles, axes, lignes directrices ont été élaborés pour aboutir aux 12 principes fondateurs de l’EREN, en 2018. Lors du prochain synode, au mois de décembre, le Conseil synodal présentera à l’assemblée un rapport décisionnel sur ce processus.

Un résultat financier inespéré

Lors de cette rencontre, les délégués ont également accepté les comptes 2019 qui présentent un résultat légèrement déficitaire de 22'091 francs, alors que le budget prévoyait un déficit de 849'100 francs. Un legs de plus de 500'000 francs, ainsi qu’un volume important de dons et une gestion stricte des coûts ont permis ce petit miracle. «Nous remercions chaleureusement tous les donateurs», sourit Jacques Péter, en charge des finances, qui s’inquiète toutefois de la situation financière sur le long terme.