Les réformés vaudois restent bien ancrés, mais réduisent la voilure

Les réformés vaudois restent bien ancrés, mais réduisent la voilure

Cathédrale de Lausanne © Régis Colombo

Lausanne - Les réformés vaudois restent bien ancrés dans la société civile, mais l'Eglise réformée vaudoise (EERV) va réduire la voilure et faire passer ses 330 salariés à la caisse. Après avoir quitté le giron de l'Etat, l'EERV prend ses marques face aux autres communautés religieuses. A titre d'institution de droit public, elle vient de recevoir une subvention du canton pour les cinq prochaines années.
Cathédrale de Lausanne © Régis Colombo Lausanne - Les réformés vaudois restent bien ancrés dans la société civile, mais l'Eglise réformée vaudoise (EERV) va réduire la voilure et faire passer ses 330 salariés à la caisse. Après avoir quitté le giron de l'Etat, l'EERV prend ses marques face aux autres communautés religieuses. A titre d'institution de droit public, elle vient de recevoir une subvention du canton pour les cinq prochaines années.

L'EERV s'est vue attribuer une subvention annuelle de 35,5 millions de francs après la convention signée lundi matin entre le conseiller d'Etat Philippe Leuba, Esther Gaillard et Xavier Paillard,  présidente et vice-président de l'EERV. Ce montant est légèrement inférieur aux sommes allouées précédemment. Cela s'explique surtout par l'accord signé en 2008, qui prévoit le transfert d'un million et demi de francs aux catholiques d'ici 2014.


Globalement, le canton verse une enveloppe annuelle de 60 millions de francs aux trois communautés reconnues comme des institutions de droit public, c'est-à-dire les réformés, les catholiques et la communauté israélite. Si l'enveloppe reste la même, c'est la répartition au sein de cette enveloppe, qui change, en particulier entre protestants et catholiques. L'objectif est d'atteindre la parité des postes entre ces deux confessions d'ici 2025, a expliqué M. Paillard devant la presse lundi.

Un tiers de protestants

En effet, le canton de Vaud, historiquement réformé, compte désormais un tiers de réformés, un tiers de catholiques et un tiers d'autres confessions, dont les personnes sans appartenance religieuse. Les catholiques ont reçu 23,6 millions de francs et la communauté israélite 132 000 francs. Les autres communautés religieuses, comme les musulmans, peuvent aussi obtenir le statut d'institution de droit public, à condition de remplir un certain nombre de conditions. Les évangéliques sont aussi sur les rangs.

Pour l'heure, les réformés et les catholiques renforcent leur collaboration en lançant une dizaine de missions communes. Les aumôneries dans les hôpitaux, les écoles et les prisons en sont un des exemples les plus connus.

Confrontée à une diminution de ses moyens financiers, l'EERV a pris des options samedi. Pour atténuer le déficit, ses salariés vont devoir mettre la main à la poche. Selon les salaires, la contribution oscillera entre 0,65% et 1,75%. Près de 450 000 francs seront ainsi économisés. Le déficit prévu pour 2010 passe ainsi sous la barre du million de francs. Dans le même temps, les salaires des diacres, trop bas, ont été revus à la hausse.

Le synode (législatif) a adopté samedi un budget  prévoyant un déficit de 950 200 francs contre 1,8 million de francs prévu initialement. Les membres du synode ont accepté dans la foulée de baisser leurs indemnités de séance de 30%, a expliqué Max Blaser, membre du conseil synodal. Les charges 2010 sont fixées à 44,5 millions de francs et les recettes à 43,6 millions.

Troisième exercice déficitaire

Depuis que l'EERV a quitté le giron du canton en 2007, elle enregistre son 3e exercice déficitaire de suite avec des pertes oscillant entre 800 000 et 1,8 million de francs, a expliqué M. Blaser à ProtestInfo. En manque de liquidités, l'EERV a dû vendre des titres et augmenter la dette hypothécaire pour trouver les 2,5 millions de francs manquant pour payer les salaires de décembre 2009.

C'est la première fois que l'EERV se livre à cet exercice, a poursuivi M. Blaser en charge de la trésorerie. "Il n'est pas exclu que l'EERV recoure à nouveau à des ventes en 2010", a-t-il encore précisé.

Choix dans les missions


La participation de l'EERV, la troisième Eglise réformée de Suisse après Berne et Zurich, aux différents organismes régionaux ou nationaux comme la Conférence des Eglises romandes (CER), qu'elle finance à hauteur de 58%, et la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), n'est pas remise en question. Au contraire, certaines activités ont davantage de sens si elles sont conçues au niveau régional comme la formation, estiment les Vaudois.

Le nouveau conseil synodal (exécutif) est en place depuis 100 jours. Il a posé un diagnostic, mais des choix plus drastiques dans les missions de l'EERV seront présentés d'ici juin 2010. Aucun licenciement n'est prévu. Le but est de rééquilibrer les finances d'ici 2012. En plus du budget évoqué plus haut, les 84 paroisses et régions disposent d'un budget propre de l'ordre de 10 à 12 millions de francs.

Depuis les premiers plans d'économie intervenus dans le canton de Vaud au début des années 90 et appelés « Orchidée », une quinzaine de postes ont été rayés au sein de l'EERV, pesant chacun environ 150 000 francs.

NOTE: 8 et 9e paragraphes nouveaux après l'intertitre: 3e exercice déficitaire.