Eglise réformée vaudoise: 33 ministres sans emploi, 28 postes vacants

Eglise réformée vaudoise: 33 ministres sans emploi, 28 postes vacants

Le programme vaudois de restructuration "Eglise à Venir" s'achève le 30 avril prochain
33 ministres se retrouvent sans travail. Si certains au seuil de la retraite restent sereins, d'autres vivent douloureusement cette situation malgré la garantie de l'emploi et 28 postes toujours vacants.Pour trente-trois pasteurs vaudois, c'est la déception et l'incertitude. Ils se retrouvent sans travail à l'issue de la vaste réorganisation de l'Eglise réformée vaudoise (EERV), dont la dernière phase consistait à mettre au concours les 250 postes ecclésiastiques existant. Au petit jeu des postulations et des entretiens d'embauche, ils ont été déboutés, provoquant parfois des réactions d'amertume: "Je ne tiens pas à en parler, c'est trop difficile". "Je dois prendre du recul. "J'en ai ras-le-bol", propos recueillis sous le sceau de l'anonymat, et compréhensibles après l'échec de plusieurs candidatures. Pour certains, c'est l'ensemble d'un projet professionnel qui échoue: "Après vingt-six ans en paroisse, je voulais changer radicalement et me spécialiser dans l'accompagnement des personne en situation de crise, explique Bertrand Amaudruz, diacre à Belmont-sur-Lausanne. Malheureusement, mes cinq postulations ont échoué" . D'autres en fin de carrière demeurent sereins. Ils ont le choix entre une retraite anticipée ou des remplacements jusqu'à 65 ans: "Il me reste quinze mois. Je me mets à disposition de l'Eglise pour le 50% qu'il me manque", relève Georges Blanc, pasteur à Bussigny.

§Garantie de l'emploiA y regarder de plus près, la situation est pourtant moins tendue qu'il n'y paraît. Tout le monde bénéficie de la garantie de l'emploi et, surtout, vingt-huit postes restent vacants. "Il y a de la place pour tout le monde", insiste Olivier Favrod, responsable des ministères de l'Eglise réformée vaudoise. Le temps de travail cumulé des trente-trois ministres correspond exactement au 28 postes vacants." De plus, les candidats malchanceux ne seront pas livrés à eux-mêmes. L'Eglise a mis en place un groupe d'appui qui leur proposera un contrat temporaire de 6 mois à une année dans un des vingt-huit postes vacants. Si l'expérience est probante, le contrat deviendra définitif. Si bien que d'ici l'automne, tout le monde devrait être "recasé".

§Catéchisme, le mal-aiméSi l'ambition est réaliste, certains pasteurs risquent d'être affectés à une place qui ne leur convient que partiellement. En effet, sur les vingt-huit postes inoccupés, dix postes concernent directement le catéchisme, un domaine où l'on ne se bouscule pas au portillon. Outre la nécessité de travailler le soir et d'organiser des camps et excursions le week-end, il faut connaître l'univers des adolescents et savoir répondre à leurs provocations. Un profil bien particulier que ne possèdent pas tous les pasteurs. Devant le manque d'enthousiasme, l'Eglise en appellera à la conscience professionnelle de ses ministres, voire leur forcera la main: "Le catéchisme est une tâche prioritaire, soutient Paul Schneider, membre du groupe de coordination pour la repourvue des postes. Si nécessaire, on fera pression sur certaines personnes douées avec les jeunes pour qu'elles acceptent de reprendre ces postes".

Autre secteur sensible pour l'Eglise, les paroisses qui souffrent d'une pénurie de pasteurs. Ollon, Nyon, Clarens, Morges et Montreux, notamment, cherchent toujours à repourvoir des postes: "Là-aussi, nous serons peut-être amenés à faire preuve de dirigisme pour que ces zones ne soient pas prétéritées", poursuit Paul Schneider.

§MaladressesL'Eglise réformée vaudoise "new-look", résultat du processus "Eglise à Venir", débutera le 1er juillet prochain, avec des paroisses plus étendues, un corps pastoral réduit de 9%, des activités élargies dans les domaines sociaux – toxicomanie, solitude, fin de vie, interconfessionnel et éducatif. Ce grand chambardement entamé en 1995 a suscité un flot de critiques. Elles se concentrent maintenant sur la procédure de repourvue des postes qui vient juste de s'achever: "J'ai constaté que les personnes responsables de l'engagement des pasteurs étaient incapables de répondre à mes questions. Ils ne connaissaient pas le cahier des charges", s'étonne Bertrand Amaudruz. Quant au diacre Henri Chabloz, il estime que des maladresses ont été commises: "Cette phase de mise au concours des postes était particulièrement pénibles pour des collègues âgés, diminués par la maladie, ou au contraire débarquant dans le métier. Il aurait fallu régler ces cas délicats dans la concertation, non en les mettant en concurrence avec le reste de la profession".

Ultime phase d'"Eglise à Venir", l'élection le 30 avril prochain des pasteurs et diacres appelés à exercer leur ministère dans les paroisses. S'ils n'ont rien à redouter, ils garderont tout de même un œil sur le nombre de suffrages obtenus, qui traduit l'humeur des paroissiens à leur égard. Tout sera alors en place pour une phase d'essai de quatre ans pendant laquelle les nouvelles structures seront expérimentées dans le concret, et qui servira de base à un premier bilan intermédiaire.