«Nous devons trouver de nouvelles façons de partager avec les jeunes»

«Nous devons trouver de nouvelles façons de partager avec les jeunes»

A 26 ans, Adrien Bridel est un des plus jeunes conseillers synodaux de Suisse. Etudiant en histoire et philosophie, à l’Université de Lausanne, il occupe ce poste pour l’Eglise réformée de Neuchâtel (EREN), depuis presque deux mois. Protestinfo l’a rencontré, accompagné du responsable de la communication de l’EREN, Mathieu Janin.

Photo: © EREN

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir conseiller synodal?

Adrien Bridel: Un intérêt pour mener des projets et les défis que rencontre l’EREN actuellement. De plus, mes convictions chrétiennes me poussent à m’investir pour l’Eglise. La lecture des Evangiles m’a procuré beaucoup de joie. Ce sont des bonnes nouvelles qui dégagent une profonde vitalité. Les histoires racontées méritent d’être découvertes car elles peuvent améliorer l’existence.

Lors de votre élection le 4 décembre dernier, vous avez dit que «l’Eglise ne répondait pas aux soucis actuels des jeunes».

Les réformés ont la réputation d’être froids et trop intellectuels. De plus, la forme institutionnalisée de l’Eglise semble sortir d’un autre temps pour les personnes de ma génération. Un des principaux défis est de trouver de nouvelles façons de partager avec les jeunes. Et aussi de mettre en valeur nos spécificités car nous ne sommes pas les seuls à répondre aux besoins communautaires et spirituels. Que ce soit les autres religions, la philosophie ou la réponse laïque, les gens ont l’embarras du choix.

Que proposez-vous pour rendre l’Eglise réformée plus attrayante pour les jeunes ?

Premièrement, je déplacerais l’heure du culte. A la place du dimanche matin, je proposerais le dimanche après-midi. Les gens ont parfois un peu le cafard, tout est fermé, ce serait le moment idéal de redonner un peu d’énergie pour commencer la semaine suivante.

Je pense aussi qu’il faudrait plus écouter les gens de ma génération pour comprendre quels sont leurs besoins. On pourrait mettre en place des moments de partage sans pour autant se focaliser sur des thèmes religieux. La paroisse de Neuchâtel propose des soirées cinéma. Les films diffusés sont toujours en lien direct avec la religion. Diffuser des films sur d’autres thématiques, suivis d’un moment de discussions intéresserait probablement plus de monde. Ce cadre permettrait de passer des moments ensemble et d’aborder des questions existentielles au travers d’une histoire.

Mathieu Janin: Cette approche peut marcher avec les jeunes mais pas avec tout le monde. Il ne faut pas non plus négliger les personnes plus âgées, fidèles à l’EREN. Les membres proviennent de toutes les couches de la société même si certaines sont davantage représentées. De plus, trouver des activités qui favorisent le lien intergénérationnel est également très important.

Quel est le principal projet du Conseil synodal actuellement?

Adrien Bridel: Le projet d’évangélisation fait partie de nos principaux défis. Nous sommes en train de mener une réflexion de fond où nous allons faire participer un maximum des personnes. Il s’agit de se demander vraiment qu’est-ce que l’évangélisation aujourd’hui, avec nos spécificités réformé, tout en étant à l’écoute de ce qui se passe dans la grande famille chrétienne. Chaque paroisse va devoir donner son avis afin que ce ne soit pas qu’une décision de l’exécutif.

Ce projet est particulièrement complexe car les croyances religieuses ne peuvent pas être démontrées. Les personnes doivent ressentir quelque chose au niveau de leur sensibilité. La religion n’est pas logique et c’est justement ce qui rend le projet d’évangélisation compliqué et passionnant. Rien que le mot «évangélisation» a suscité des réactions lors du précédent synode.

Comment les gens de votre génération perçoivent votre engagement pour l’Eglise?

Mes amis proches, qui sont pour la plupart athées, sont curieux par rapport à mon engagement. Ils me demandent ce qui se passe dans les églises, comment ça marche, qu’est-ce qu’on fait, ce sont des personnes ouvertes qui s’interrogent.

Parfois, je remarque un peu de méfiance de la part de certains. Mais je me rends rapidement compte ces personnes s’opposent à l’Eglise comme institution et non pas aux messages chrétiens.