Les réformés neuchâtelois se cherchent un « berger »

Les réformés neuchâtelois se cherchent un « berger »

Le président Gabriel Bader quitte le navire en septembre. Une frange de la base de l’EREN souhaiterait un profil plus « spirituel ». Mais pour l’heure, aucun candidat ne se presse au portillon.


« Notre Eglise a non seulement besoin d’être bien gérée, mais elle a surtout besoin d’une gouvernance spirituelle », a défendu le pasteur Jean-Philippe Calame. Mercredi soir à Montmirail (NE, photo©Don Camillo), les délégués au synode de l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) ont mis à profit une heure de discussion informelle.

But visé: esquisser le profil attendu de leur futur président. Les membres du Conseil synodal (exécutif) actuel et le personnel du secrétariat général n’étaient pas conviés. Pour les mois à venir, « le signal donné par la tenue de cette séance sans l’exécutif et le secrétariat est négatif », a regretté Gabriel Bader. L’élection est prévue le 5 juin.

Gabriel Bader avait annoncé la couleur en septembre déjà. « Depuis 2006, j’ai dû serrer les boulons, avouait-il dans une interview à La VP Neuchâtel. Il est dans l’intérêt de l’institution d’avoir une nouvelle personne qui n’a pas ce passé derrière elle. » Finances dans le rouge, retrait de la contribution de Philip Morris en 2010: beaucoup louent aujourd’hui les qualités de gestionnaire de crise de Gabriel Bader. Mais l'exécutif et son président ont essuyé plusieurs échecs devant le synode ces derniers mois et plusieurs délégués appellent de leurs vœux un changement de cap.

« Un pasteur, point »

« La présidence devra porter le ministère d’unité, être à l’écoute de tous, prêcher dans les paroisses », a plaidé Delphine Collaud, pasteure à la Collégiale. Car sur le terrain, certains ont été secoués par la vitesse des changements: diminution des forces ministérielles, cantonalisation accrue de postes – notamment dans l’aumônerie en EMS –, professionnalisation des ressources humaines. « Nous devons digérer ces changements, a expliqué Phil Baker, pasteur au Val-de-Ruz, à ProtestInfo. Pour la présidence, nous avons besoin d’un pasteur, point. En matière de gestion, il revient à chaque candidat d’évaluer quels sont ses besoins de formation. »

Mais ce « pasteur moins manager » se fait attendre. Un premier délai pour le dépôt des candidatures était fixé au 15 janvier par la commission d’examen. Il sera prolongé. Beaucoup de délégués interrogés mercredi se voulaient confiants: ils auront leur perle rare dans les temps. Dans la séance de relevé du synode qui a suivi, une majorité a toutefois voté, en plus du salaire, une indemnité mensuelle transitoire de 1000 francs pour « honorer la fonction présidentielle », selon les termes du motionnaire, le pasteur Yves Bourquin.

Dans les coulisses, certains craignent un candidat par défaut. « Suivant le profil du nouveau président, des membres du personnel du secrétariat central pourraient partir », entend-on. Pour l’heure, un autre membre du Conseil synodal, le laïc Laurent Voisin, a annoncé qu'il quitterait l’exécutif en septembre, pour privilégier son activité professionnelle. Si un président n'est pas trouvé d'ici juin, le Conseil pourrait se retrouver à trois. Selon le règlement voté en décembre, ils devraient être sept. « La situation mettrait le synode face à ses responsabilités », avance Mathieu Janin, responsable de la communication de l’EREN.

Des services funèbres célébrés par des laïcs dans l'EREN?Mercredi à Montmirail, beaucoup de délégués ont pu mesurer la qualité des relations que leur président actuel avait tissés avec les acteurs civils et politiques du canton. Dans le cas précis, avec Martine Rahier, rectrice de l’Université de Neuchâtel. « Nos contacts avec le rectorat sont bons, a expliqué Gabriel Bader. J’écrirai personnellement à la rectrice pour lui dire l’attachement du synode à la faculté de théologie, mais je ne peux pas vous promettre plus. »

Il répondait à une motion de Jean-Claude Allisson qui demandait « une réaction concertée » de l’EREN et de ses paroisses pour manifester leur attachement à la faculté au sein de l’université. Elle n’a pas été votée. L’argumentation du président a fait mouche. Il a mis en avant la pression financière exercée par le rectorat sur toutes les facultés; tout comme l’exigence d’excellence dans la formation que ne permettent plus le seul enseignement de la théologie pratique à Neuchâtel et le peu d’étudiants inscrits. En clair, le Conseil synodal ne se battra pas coûte que coûte pour le maintien de la théologie à Neuchâtel, mais privilégiera plutôt la qualité de la formation.

Deux autres motions ont par contre été acceptées. Celle de Jacqueline Lavoyer-Bünzli qui demande au Conseil synodal « d’étudier la possibilité pour l’EREN de faire partie de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure, éventuellement d’une autre Eglise réformée ». Des synergies pour la création de postes communs sont actuellement à l’étude avec l’Eglise réformée fribourgeoise, notamment dans le secteur de la formation, a précisé Gabriel Bader.

Finalement, et contre l’avis du Conseil synodal qui la jugeait prématurée, une motion a été votée pour étudier « la pertinence, l’opportunité et les conditions nécessaires » pour qu’un laïc puisse célébrer des services funèbres dans l’EREN. Le débat synodal sur ce sujet reprendra le 31 août. S. R.

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